Capitalism, A Love Story : chronique

23-11-2009 - 10:32 - Par

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Le retour du documentariste-fou oscarisé et palmedorisé à Flint, Michigan. Tant mieux.

Pardonnera-t-on à Michael Moore d’avoir fourré son nez dans la politique sociale de la France et d’en avoir tiré des conclusions hâtives qui arrangeaient bien son crumble gauchiste et de mauvaise foi SICKO ? Oubliera-t-on son refus catégorique d’expliquer ses raccourcis foireux («revenus moyens français de 6000€ par mois») aux journalistes français ? Un documentaire à charge contre ses méthodes plus tard (MANUFACTURING DISSENT, 2007) et Moore était devenu un voyou, un menteur, un metteur en scène manipulateur à la vérité toute subjective. Avec CAPITALISM, Michael Moore se rachète plus ou moins une humilité. Et s’occupe d’abord de ses sales affaires : l’Amérique.

CapitalismPosterParce que l’effondrement des valeurs, le début de la crise et toutes les magouilles qu’elle a cachées, sont cristallisées par le pays de la libre entreprise, Moore arpente autant Wall Street pour un peu de provoc’ au mégaphone (quel amuseur, celui-là), que les provinces américaines, dévastées par la recherche de profits (son natal Michigan notamment). Le tout pour dresser le portrait de notre époque-charnière où le capitalisme effréné ne fait plus rêver qu’une fange de cols blancs, scruté qu’il est, fourche à la main, par la classe moyenne. Non pas qu’on ait l’impression que Moore sache de quoi il parle (il reste pseudo-naïf et didactique ce qui peut autant agacer que forcer l’admiration), on ne pourra pas en revanche lui enlever ce don pour aller débusquer les symboles qui mèneront son sujet par le bout du nez, les histoires qui puent comme celles des assurances-vie à 6 zéros contractées par des multinationales en cas de décès de leurs employés. Dans CAPITALISM, Moore fait un pas vers le salut : cesser le cirque et dessiner les limites de l’hyper-économie, les témoignages, parfois larmoyants (quand même, on sait ce qu’on va voir), souvent édifiants. Bien sûr, encore cette foutue manie du name-dropping confus et des commentaires superflus qui vous perdent dans ce que vous pensez être le complot du siècle sans pour autant en avoir une preuve concrèteCapitalismNY (souvenez-vous, le goubiboulga 9/11). Mais les vieilles habitudes du «Robin des Bois» sont balayées par une gorgée d’optimisme, comme si, après avoir fustigé à sa sauce le terrorisme de l’argent, il saluait l’espoir d’un terrorisme prolétaire. Franc socialisme ou opportunisme ? Que CAPITALISM, ne s’achève ni dans la polémique, la révélation fracassante ou la terreur, en fait une pièce fascinante du puzzle Moore, défenseur de la vérité en on, personnalité détestable en off. Peut-être Moore a-t-il fait de la justice et des gens son fond de commerce. Toujours est-il que son dernier film leur rend un peu de pouvoir. On en attendait pas tant.
Capitalism, A Love Story, de Michael Moore. 2h05. Sortie le 25 novembre.

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