White Lightnin’ : Chronique

14-02-2010 - 14:24 - Par

WhiteLightninBandeau

Un film incroyable brassant country, claquettes, alcool frelaté et mares de sang. Complètement dingue.

Difficile de conseiller d’aller voir WHITE LIGHTNIN’, pas accessible pour un sou, radical formellement, tout aussi extrême dans le fond. Mais, bon… quitte à être curieux, tapez-vous du bon. Ce film anglais, dont la distribution paraît suicidaire, est un geste très fort dans la politique cinématographique actuelle. Car à part des attachés de presse compétents et une boîte de distribution audacieuse, qu’a WHITE LIGHTNIN’ pour lui ? Tout. Qu’a-t-il pour le grand public ? Pas grand-chose. Enfin… Pas grand-chose de racoleur, ni même d’accessible. Et le mieux (ou le pire, au choix) c’est que plus le film déroule son atmosphère et son histoire tordues, moins ça s’arrange.

WhiteLightninPosterPour l’histoire, direction les Appalaches, trou du cul de l’Amérique, où Jesco, fils d’une légende locale de claquettes exécutées sur de la country, semble mal parti dans la vie. WHITE LIGHTNIN’, c’est l’histoire d’une mauvaise graine qui a le Diable dans le sang. Et qui malgré ses nombreuses tentatives de rédemption, ne trouvera le pardon de son père ni dans la vengeance, ni dans l’alcool, ni dans l’amour, ni dans les claquettes qu’il maîtrise bien mieux que son paternel, mais dans le martyr. C’est ce qu’il croit.

Le jour où Dominic Murphy, réalisateur du film, reçoit une ébauche d’histoire de la part de Shane Smith, scénariste, il constate que c’est écrit dans un dialecte de Virginie Occidentale. Bien. Il apprend ensuite que Jesco White a vraiment existé. D’accord. Murphy vient d’une école d’arts plastiques, il admire les travaux photo de Larry Clarke et il a invité Nick Zinner des Yeah Yeah Yeahs à venir composer du morceau pour son projet. Comprenez donc que WHITE LIGHTNIN’, récit basé sur la déprave, est visuellement tout aussi terroriste que l’histoire qu’il déroule. Happé dans un tourbillon de violence, de banjo, de sexe crasse, d’alcool, impossible de décrocher de la frénésie ambiante aussi WhiteLightninPichypnotique qu’une démonstration de claquettes sous cocaïne. Filmé tantôt comme un vieux western, tantôt comme du Scorsese période BOXCAR BERTHA, mais entrecoupé de plans « Dryeriens » quand le film atteint une ferveur paroxystique, et filmé comme du cinéma d’exploitation 70’s quand il atteint des sommets d’horreur, WHITE LIGHTNIN’ flirte avec le cinéma expérimental. Avec pour seul liant une fièvre insoutenable émanant de thèmes si ce n’est bibliques du moins sévèrement psychanalytiques. C’est un film qui non seulement n’a pas peur de tester des choses, confiant en un public déjà suffisamment dingue pour être curieux du pitch, mais qui teste ses propres limites, au risque d’aller trop loin et de provoquer une contre-réaction nerveuse (le rire, donc). Ça a le mérite d’être radical, d’être porté par un acteur d’une beauté tragique, de montrer Carrie Fisher (Princesse Leïa) dans un état dramatique, comme le dernier viol de l’innocence que pourrait nous faire subir ce film d’une beauté rare et provocante. Car oui, il est hautement préconisé de se faire violenter par WHITE LIGHTNIN’.

White Lightnin’, de Dominic Murphy. GB. Avec Edward Hogg, Carrie Fisher. 1h30. Sortie le 17 février.

Bande-annonce française :

Bande-annonce anglo-saxonne :

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