Blanc comme neige : chronique

16-03-2010 - 15:28 - Par

BlancNeigeBandeau

Nouvelle tentative d’incursion du cinéma français dans le genre viscéral avec ce polar sur la fraternité. Pétri de défauts, mais attachant.

Depuis quelques années, les jeunes cinéastes français, de Nicolas Saada (ESPION(S)) à Guillaume Canet (NE LE DIS A PERSONNE) en passant par Alfred Lot (LA CHAMBRE DES MORTS), réalisent enfin qu’ils peuvent s’attacher aux états d’âme de personnages tout en livrant des longs-métrages lorgnant vers l’efficacité du storytelling anglo-saxon. Bon. Ils n’y arrivent pas toujours. Mais au moins ils essaient. Avec BLANC COMME NEIGE, polar finlando-marseillais, Christophe Blanc se lance dans la course. Sans doute trop vite. Foutraque, son polar familial décontenance. Mais au-delà de ses défauts réside un film suffisamment riche pour rester louable.

BlancNeigePosterMaxime (François Cluzet), vendeur de voitures, a tout réussi : belle maison, jolie femme (Louise Bourgoin) et réussite sociale. Quand son associé (Bouli Lanners) se fait assassiner après avoir traficoté avec des mafieux finlandais, Maxime se voit embrigader dans les galères. Il demande alors l’aide de ses deux frères, Grégoire (Olivier Gourmet) et Abel (Jonathan Zaccaï), habitués aux combines de bas étage, avec qui il entretient des relations conflictuelles. De ce pitch très prometteur, Christophe Blanc tire un début de récit tendu comme une arbalète, mu par des personnages parfaitement définis par une écriture discrète s’attachant autant à leur langage qu’à leur environnement. Mais très rapidement, le récit dérape. Disons-le tout de suite : le cinéaste a remonté son film jusqu’à la dernière minute, allant jusqu’à en couper 20 bonnes minutes, passant de 1h55 à 1h35. En sort un storytelling foutraque, porté sur l’ellipse brutale et parfois franchement malvenue. La crédibilité du film s’en voit délitée et le spectateur obligé de s’accrocher pour suivre les rouages du récit, là où il aurait aimé se laisser porter par le suspense. Un reproche que l’on regrette d’autant plus de formuler, tant BLANC COMME NEIGE fourmille de jolies choses. Blanc signe ainsi quelques beaux moments de tension : à ce titre, l’attaque des mafieux sur le chenil, tout en hors-champs et travail sur le son, s’affirme d’une BlancNeigePicmaîtrise implacable. Et puis il y a tous ces détails, comme autant de petites perles narratives : un personnage principal, Maxime, incapable de faire confiance à sa femme quand celle-ci ne demande que ça, en quête perpétuel de lui-même, se mentant constamment, et qui, en voyant son monde s’effondrer, s’accomplit. Un conflit entre frère tout en non-dits mais lourd de sens, derrière lequel on décèle pourtant un amour infaillible. Une fin ne concluant pas tant le récit qu’elle l’ouvre vers une reconstruction longue et douloureuse. Sauf que l’on aurait aimé que cette écriture fine soit insérée dans un film prenant davantage son temps pour agencer ses rouages, faire monter la tension et la laisser exploser en fin de parcours. Sortant du plan-plan habituel, BLANC COMME NEIGE essaie, mais trébuche, et l’on ne saurait donc que demander à Christophe Blanc de livrer un montage moins sec lors de la sortie DVD de BLANC COMME NEIGE, qui mérite d’être davantage connu pour ses qualités que ses défauts.

Blanc comme neige, de Christophe Blanc. France. 1h35. Avec François Cluzet, Olivier Gourmet, Jonathan Zaccaï. Sortie le 17 mars 2010.

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