Dragons : chronique

28-03-2010 - 15:06 - Par

DragonsBandeau

Avec son nouvel opus, Dreamworks Animation met de côté toutes ses recettes éculées et fournit un excellent film d’aventures. De loin sa meilleure création.

Depuis FOURMIZ, Dreamworks fournit des animations reprenant peu ou prou le même schéma : des mégastars au doublage, des scénarii minces déroulant un humour se voulant iconoclaste et une énorme dose d’ironie frimeuse. Le tout finissant par apparaître plus cynique que féroce. Si l’on avait plutôt apprécié la connerie revendiquée et plutôt cool de KUNG FU PANDA, la plupart des créations du studio irritait plus qu’elle n’emballait. Mais avec DRAGONS, le studio surprend en mettant au placard son style tonitruant pour livrer un film d’aventures familial très prenant, plus porté sur l’émotion et le propos que sur la vaine déconne.

DragonsPosterSur une île peuplée de vaillants Vikings, le fils du chef du village, Harold, a un gros problème. Gaulé comme une brindille, il n’est guère porté sur le sport local, la chasse aux dragons. Des créatures ne cessant d’attaquer les lieux, forçant la peuplade à se défendre comme elle le peut. Mais un jour, il abat en vol un des dragons les plus insaisissables, la Furie Nocturne, avec qui il va lier peu à peu une amitié indéfectible, qui va changer le destin de sa tribu. Deux êtres que tout sépare. Un lien contre nature. Le tout pour un récit initiatique. On a déjà vu plus original. Pourtant, c’est dans les récits universels que l’on fabrique les meilleures histoires, et DRAGONS le prouve une fois de plus. Une réussite d’autant plus remarquable que le film a connu une production difficile. En octobre 2008, le réalisateur Peter Hastings était débarqué du projet, Dreamworks trouvant son DRAGONS trop peu événementiel, et surtout, trop dirigé vers le très jeune public. La date de sortie se voit donc repoussée de novembre 2009 à mars 2010, et deux réalisateurs prennent le relais : Dean DeBlois et Chris Sanders, connus pour LILO ET STITCH. Les deux hommes ne disposent alors que d’un peu plus d’un an pour réaliser un tour de force : tout reprendre depuis le début, avec pour intention de livrer « une histoire universelle » centrée sur « la relation entre un père et son fils, dont les faiblesses deviennent sa force ». Aujourd’hui, Dreamworks peut remercier les deux hommes puisque DRAGONS est de loin le meilleur film du studio.

DragonsPicAprès un premier quart d’heure légèrement laborieux, se fiant trop à une voix off lourdaude et un humour définitivement trop « dreamworksien », DRAGONS prend peu à peu son rythme de croisière. Les héros, bien qu’archétypaux (le père exigeant, l’ado décevant et maladroit, le Pygmalion rigolo), sont caractérisés avec talent et subtilité, devenant de véritables personnages aux psychologies et émotions crédibles. Pas des coquilles vides. Dès lors, la relation entre Harold et Toothless, le féroce dragon blessé dont la survie dépend de son ennemi humain, n’en est que plus touchante. La créature, au design inspiré de Stitch et lorgnant vers le kawaï nippon, charismatique et attachante, fera sans doute fondre les enfants, et connectera les parents aux émois provoqués par E.T. dans leur jeunesse. Une dynamique servant un scénario efficace et fouillé, où aucun propos n’est évité, du conflit père-fils, à la difficulté de faire sa place avec ce que l’on a à offrir plutôt qu’avec ce qu’autrui attend de nous, en passant par le sacrifice nécessaire au bien commun. Emouvant, DRAGONS l’est, jusqu’à sa fin évitant toute mièvrerie, où les personnages doivent perdre une part d’eux-mêmes pour grandir, et qui, dans un film familial, fait preuve d’une audace et d’une intelligence rares. Mais DRAGONS est bien plus que cela. Haletant, il livre un récit d’aventures où le cœur du spectateur bat la chamade, où les poings se serrent dans les moments de bravoure, et où la 3D est utilisée avec brio. Si bien que les scènes de vol à dos de dragon ont l’outrecuidance d’enterrer celles d’AVATAR. On ne pensait honnêtement pas écrire ça de sitôt : le nouveau Dreamworks est indispensable. DRAGONS réconcilie profondeur et divertissement, dose à merveille rire et émotions, et saura mettre d’accord parents et enfants. Autant dire qu’il sera d’autant plus impardonnable que Dreamworks ne reste pas sur cette ligne.

Dragons, de Dean DeBlois et Chris Sanders. Etats-Unis. 1h33. Avec les voix anglaises de Jay Baruchel, Gerard Butler et Jonah Hill. Sortie le 31 mars.

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