Cannes 2010 : Des Hommes et des Dieux / Critique

18-05-2010 - 11:01 - Par

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De Xavier Beauvois. Sélection officielle, en compétition.

HommesDieuxPosterPitch officiel : Un monastère, logé haut dans les montagnes du Maghreb, dans les années 90. Huit moines cisterciens français vivent en harmonie avec leurs frères musulmans. Mais la violence et la terreur envahissent doucement la région. Malgré le danger grandissant autour d’eux, la volonté des moines à rester dans le monastère grandit de jour en jour, mais à quel prix ?

On avait quitté Xavier Beauvois nerveux et surpuissant avec LE PETIT LIEUTENANT. On le retrouve monacal et posé avec son nouvel opus, DES HOMMES ET DES DIEUX. Un changement d’ambiance radical pour conter le destin tragique des moines de Tibhirine, enlevés et assassinés par des moudjahidines en Algérie en 1996. Des hommes de foi, aidant la population locale, et ayant fait le choix de rester dans leur monastère malgré le danger alentour. Le choix de l’abnégation.

Un sujet en or, dont Xavier Beauvois ne tire au final pas grand-chose. Ou trop peu. Si les interprètes des sept moines sont irréprochables et sont les moteurs premiers des moments de grâce du film (notamment un rassemblement nocturne autour d’une bouteille de vin et de l’écoute du « Lac des cygnes »), la mise en scène du cinéaste, elle, pêche. Optant pour une esthétique ultra-dépouillée faite de silences et de plans fixes, Xavier Beauvois parvient certes à refléter ce qu’on imagine être l’atmosphère monacale. Mais ce parti-pris, judicieux et passionnant s’il avait été embrassé avec passion, aboutit au contraire à un certain manque d’inventivité dans le découpage et la réalisation, et une photographie grisâtre ne tirant jamais partie du caractère élégiaque des paysages algériens. Ce qui ôte à DES HOMMES ET DES DIEUX toute puissance et toute compréhension émotionnelle du choix de ces moines certains d’aller à la mort mais ne pliant pas face à l’extrêmisme.

Alors bien sûr, reste le propos de tolérance et d’entente fraternelle entre les peuples et les religions. Mais ce qu’en dit DES HOMMES ET DES DIEUX n’affiche rien de bien fondamental, autre que « nous sommes tous frères », « Dieu est amour », « les extrêmistes ne comprennent pas le Coran et font du mal à l’Islam ». Des idées, qui, bien que toujours bonnes à rappeler, sonnent dans cette atmosphère de « film d’auteur essentiel » comme du consensus mou. Nous ne sommes vraiment pas sûrs que ce traitement rende totalement hommage à la puissance du message véhiculé par le sacrifice des sept moines de Tibhirine.

Des Hommes et des Dieux, de Xavier Beauvois, France. Avec Lambert Wilson, Michael Lonsdale. 2h. Sortie le 8 septembre 2010

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