Freddy – les griffes de la nuit : chronique

09-05-2010 - 22:35 - Par

BANDEAUCRITIQUEFREDDY

Cette manie de remaker chaque film d’horreur culte était déjà vilaine. FREDDY 2010 enfonce le clou.

Après MASSACRE À LA TRONCONNEUSE, HITCHER, AMITYVILLE et VENDREDI 13, l’équipe de la société de production de Michael Bay, Platinum Dunes, a jeté son dévolu sur FREDDY – LES GRIFFES DE LA NUIT, l’un des plus grands films d’horreur de notre jeunesse. Il était et reste l’un des pires traumatismes qu’un enfant ou même un adolescent puisse connaître : en développant l’histoire d’un être défiguré et muni de longues griffes acérées, hantant en chair et en os les cauchemars de quelques teenagers d’une banlieue proprette américaine, Wes Craven avait promis à chaque spectateur qu’il ne dormirait plus jamais tranquille. Après tout, qu’avait la nuit de Nancy, lycéenne lambda et cible préférée de Freddy, de différent de la nôtre ? Il n’y aurait donc plus de repos sans qu’il soit éternel.
Le film original brillait par son inventivité, son tueur monstrueux et cette manière si cravennienne d’étriper la belle Amérique pour mieux la confronter à sa propre médiocrité. Et s’il reste culte, c’est qu’il a encore aujourd’hui, malgré les années qui passent et son style suranné, le charme des premiers traumas et un méchant inégalé.


POSTERFREDDYAutant vous dire qu’un remake nous laissait coi mais curieux : on en attendait peu, on en parlait beaucoup (jetez-nous la pierre) et on ne l’a pas aimé. Même produit à une sauce contemporaine que pouvait-il apporter de plus ? Mmmm… Pas grand-chose. Une tendance à la surproduction, à base de SFX tape-à-l’œil, un récit progressant en partie grâce à l’utilisation frénétique du téléphone portable et des minets et minettes aux sourires blancs comme neige, l’ancre définitivement dans la tendance actuelle à surenchérir niveau spectacle (on adore Michael Bay par ici, mais faut pas pousser). Ses meilleures idées, scénaristiquement ou visuellement, sont celles de l’original : les griffes qui émergent de l’eau savonneuse d’une baignoire, un corps déchiqueté qui vole dans une chambre, une automutilation, et puis l’histoire elle-même basée sur la vendetta d’un homme… Déplorer le manque total de réinvention, on l’admet : c’est le comble de l’hypocrisie. Personne n’aurait supporté que la clique du roi du kaboum touche à un cheveu du mythe. Or, si c’est pour le laisser intact, à quoi bon refaire ?

Eh bien, simplement pour toucher un public nouveau, avec son petit pouvoir d’achat, biberonné aux slashers produits à la va-vite et aux scénarios légers de GOSSIP GIRL. Là où le film de Wes Craven déroulait son récit à demi-mots et expliquait sobrement, subtilement, le pourquoi et le comment tragiques de la transformation de Fred Krueger en Freddy, le remake, lui, préfère être explicite et premier degré – une volonté de didactisme donnant naissance cependant à une des plus belles scènes du film. Toujours est-il que FREDDY 2010 répond, suppute-t-on, aux demandes du public visé : jeune, connecté, impatient. PICFREDDY1Parallèlement, là où Freddy était un monstre au visage informe, faisant de lui une bête quasiment surnaturelle à l’humour grinçant, Samuel Bayer filme de manière frontale un homme qu’un crime a laissé brûlé (et dénué d’humour), démystifiant totalement son mystère. Il faut montrer, expliquer au cas où le QI d’un spectateur lambda aurait décru en 26 ans.

D’aucuns diraient qu’on s’ennuiera ferme si l’on est un fan de la première heure du film de Wes Craven, mais même pas. À part quelques pistes scénaristiques laissées sans suite par maladresse, c’est bien mené, bien raconté, et joué de manière complètement honorable (mention à Jackie Earle Haley, impeccable comme toujours). Le FREDDY produit par Michael Bay pourrait même être tout à fait plaisant s’il ne restait pas, scène après scène, dialogue après dialogue, plan après plan, effet de surprise après effet de surprise, dans l’ombre de son cultissime prédécesseur. Alors oui, à quoi bon ?

Freddy, les griffes de la nuit, de Samuel Bayer, USA. Avec Jackie Earle Haley, Rooney Mara, Kyle Gallner. 1h35. Sortie le 12 mai

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