Cannes 2010 : Wall Street 2 / Critique

14-05-2010 - 18:20 - Par

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D’Oliver Stone. Sélection officielle, hors compétition.

WS2PosterAvec WALL STREET 2, Oliver Stone nous l’affirme : le monde de la finance n’a pas changé. Ah… c’est con quand on produit une suite. Bon, c’est vrai, les voyous en col blanc d’hier, ceux qui n’ont pas connu la prison comme Gordon Gekko (Michael Douglas), sont encore pire aujourd’hui que dans les années 80. Ils ont agi en toute impunité pendant des années, ils ont formé de jeunes requins de la bourse à être leurs dignes héritiers, et les conséquences de leurs actes irresponsables sont plus graves, mondiales. Exit les cas isolés de délit d’initié « à la Gekko » qui révoltaient tant les jeunes diplômés rêveurs issus de milieux ouvriers. Aujourd’hui, ça frise la conspiration. Tous des bâtards. Sauf Jacob Moore (Shia LaBeouf), petit génie du boursicotage, qui pleure le suicide de son ancien patron, un vieux de la vieille d’un grand établissement financier qui s’est jeté sous le métro quand Bretton James (Josh Brolin) l’a mis sur la paille. C’est la crise pour tout le monde, mais le jeune Jacob compte bien se venger. Et si pour cela, il doit prendre conseil auprès de l’ex-délinquant financier, « repenti », écrivain à succès, et accessoirement son beau-père, Gordon Gekko, ainsi soit-il.

Le problème de Jacob, et Oliver Stone l’assène lourdement, c’est que tout ce qui cause la déchéance de Wall Street n’est pas si illégal que ça. Vous ne le saviez pas ? Si, vous l’avez lu partout. Et WALL STREET 2 ne vous apprendra rien de plus. D’aucun dirait que le film d’Oliver Stone n’a aucune vocation de documentaire d’investigation. Alors pourquoi faut-il qu’il prenne des atours de brûlot et soit si lourd en symbolisme (Bretton James est le seul particulier qui possède un tableau de Goya période dark, représentant un étripage crado, il doit être vraiment très vilain et très riche ce Bretton James). En ricanements démoniaques. En dialogues sur-expliquant à quel point l’argent ne fait pas le bonheur. Pas la peine d’user d’effets de manche quand on prêche des convaincus.

Et il n’y a pas que le scénario de WALL STREET 2, dont la trame est néanmoins carrée, claire et pro comme un film de studio l’exige, qui pâtit de lourdeurs : Oliver Stone, dont beaucoup de films ne passent pas les années sans devenir vite ringards visuellement (TUEURS NES, WALL STREET, ALEXANDRE…), vient de commettre le film le moins esthétique de sa carrière. Entre graphismes numériques (tendance tableaux de cote des salles de bourse), plans d’inserts inutiles (pour illustrer l’effet domino de la crise, Stone filme… des dominos), et incrustations de visages dans le cadre dignes d’une telenovela brésilienne, le film frise la banqueroute formelle.

C’est d’autant plus rageant qu’Oliver Stone a réuni autour de lui un casting incroyable. Si retrouver Michael Douglas dans son rôle mythique retourne du panard du cinéphile, l’acteur, trop rare sur les écrans, dépasse le cadre du simple clin d’œil cinéphilique et joue à fond la carte de l’identification. Alors que Gekko se répand sur son piètre rôle de père, difficile d’ignorer que la star s’est récemment tenue officiellement pour responsable des sales histoires de drogue de son propre fils (« Je vis cela comme un échec personnel », a même déclaré Douglas). Dans le rôle du jeune Jacob, Shia LaBeouf se débarrasse enfin des oripeaux du Sam Witwicky de TRANSFORMERS pour gagner en finesse et en solidité. Carey Mulligan elle, sa compagne à la ville, mine innocente et sensibilité à fleur de peau, confirme son statut d’étoile montante. Une belle brochette d’acteurs au jeu vif servant l’énergie débordante d’un film rythmé au cordeau. Il est bien là, tout le charme du film.

Wall Street 2 – L’argent ne dort jamais, de Oliver Stone, USA. Avec Michael Douglas Shia LaBeouf. 2h16. Sortie le 29 septembre 2010

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