Cannes 2010 : Draquila, l’Italie qui tremble / Critique

13-05-2010 - 14:30 - Par

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De Sabina Guzzanti. Sélection officielle, hors compétition – séance spéciale.

DraquilaPosterSynopsis officiel : Pourquoi les Italiens votent pour Berlusconi ? La virulence de la propagande, l’impuissance des citoyens, un système économique précaire, des jeux de pouvoir illégaux… ou encore une catastrophe naturelle. Autant de facteurs, qui combinés, peuvent expliquer comment la jeune démocratie italienne a été assujettie. Sabina Guzzanti, actrice, réalisatrice, et auteure satyrique très populaire en Italie, mène son enquête en fouillant sous les décombres du tremblement de terre de l’Aquila du 6 avril 2009.

Après VIDEOCRACY d’Erik Gandini, un autre documentaire vient mettre quelques clous bien rouillés dans le cercueil politique de Silvio Berlusconi. Mais là où Gandini explorait le pouvoir médiatique du bonhomme, ses conséquences dramatiques sur la démocratie et l’inconscient collectif de l’Italie, DRAQUILA étudie les vices économiques et politiques, la corruption et les abus de pouvoir limite dictatoriaux du système Berlusconi, et ce, à la lumière de la gestion du tremblement de terre à L’Aquila le 6 avril 2009.

Sabina Guzzanti, actrice et comique italienne très populaire, signe ici l’une des charges pamphlétaires les plus virulentes que l’on nous ait donné à voir depuis le FAHRENHEIT 9/11 de Michael Moore. La filouterie en moins. Certes, Guzzanti ne se prive pas pour ridiculiser (voire carrément insulter) le Président du Conseil italien en sélectionnant quelques une de ses bourdes les plus mémorables. A une différence près, d’importance : quand les écarts verbaux de George W. Bush ne le faisaient passer que pour un simple crétin, ceux de Berlusconi ne font que rire jaune et révèlent racisme, machisme et autres joyeusetés. Surtout, Guzzanti ne s’arrête pas à un portrait au vitriol du politique/patron de média. Elle bâtit un film solide, bien que délité dans son dernier quart d’heure, et qui, à défaut de savoir conclure son propos, démonte avec minutie le système italien actuel. Mieux, en insérant des témoignages des « fans » de Berlusconi au sein de l’électorat populaire, elle parvient à démontrer l’efficacité des manipulations médiatiques orchestrées par le Président du Conseil italien.

Si DRAQUILA parvient à intéresser plus que les aficionados de politique étrangère, c’est aussi parce que son constat est universel : le système que Guzzanti décrit, où la cooptation et le clientélisme font loi, où les coups d’entourloupe se voient travestis par une communication sans faille, et où le paternalisme est hissé au rang de seul programme politique, pourrait tout aussi bien être le nôtre ou celui d’un autre de nos voisins européens. De même, la gestion du séisme de L’Aquila pourra rappeler Katrina aux Américains… Des dangers que la cinéaste décrit avec la force d’une révoltée, et non d’une moralisatrice. Avec en prime, une réalisation et une photographie flattant davantage l’œil que la plupart de ses pairs documentaristes.

Draquila – L’Italie qui tremble, de Sabina Guzzanti, Italie. 1h37. Prochainement

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