Cannes 2010 : R U There

16-05-2010 - 20:08 - Par

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De David Verbeek. Sélection officielle, Un Certain Regard.

RUTherePosterSynopsis officiel : Jitze, un jeune gamer professionnel néerlandais, voyage dans le monde entier pour participer à des tournois de jeux vidéo. Pendant un séjour à Taipei, il est pris de douleurs au bras et est forcé de prendre quelques jours de repos. Un soir, dans son hôtel, Jitze rencontre une jeune fille et il prend alors conscience de ce que signifie être un être humain à l’époque des univers virtuels.

« C’est beau, mais c’est chiant », c’est la phrase culte du blasé cannois. On adore l’entendre parce qu’elle veut tout dire de ce cinéma exigeant, pas très commercial mais quelques fois précieux qu’on nous montre à longueur de projections sur la Croisette.
Parfois, comme dans le cas de R U THERE, c’est très beau parce que justement, ça ne prend pas la peine d’être palpitant.

Ici, on débarque dans la vie frénétique de Jitze, joueur de jeu-vidéo professionnel en déplacement à Taipei, dont l’équipe est vraiment bien placée pour gagner cette prestigieuse compétition d’hardcore gamers. Entraîné par le rythme épileptique des niveaux qui s’enchaînent et les infrabasses crachées par son iPod, Jitze dégomme du militaire par écran et souris interposés, habité par une apathie permanente. Rien n’atteint le jeune homme jusqu’à ce qu’il soit témoin d’un accident de scooter mortel, que son épaule mise à rude épreuve devienne HS un beau matin, et qu’il croise au détour d’un ascenseur la belle Min-Min, un peu masseuse racoleuse, un peu fée angélique. Elle, va demander à Jitze de se détendre. Ce serait bien pour sa santé, lui dit-elle. Et de ce conseil, le film, petit objet technoïde et hargneux, se transforme en un véritable poème. Fascinée par cette jeune femme distante avec laquelle il se réfugie sur Second Life pour mieux pouvoir la connaître, il la suivra jusqu’aux confins de l’île de Taïwan. Au rythme d’un voyage en train sous un ciel diffus, d’un dîner en famille, d’une baignade en rivière, où l’on sait se taire, Jitze se relaxe peu à peu et baisse sa garde. Le spectateur avec. C’est une bulle de bien-être qui envahit alors le film, le réalisateur se débarrassant doucement des dialogues, transitions, montages et musiques superflus.
Tout devient doux alors que Jitze accomplit son parcours spirituel. Les acteurs eux (on signale d’ailleurs que Stijn Koomen qui incarne Jitze a de beaux jours devant lui) se font romantiques et fragiles, leur sensualité culminant dans une magnifique scène de toucher de nuque… On effleure un certain mysticisme, du cinéma en état de grâce. R U THERE est de ces films qui vous transforment un critique rouge colère en boule de tendresse. Presque miraculeux.

R U There, de David Verbeek, Hollande/ France/ Taïwan. Avec Stijn Koomen, Huan-Ru Ke, Tom De Hoog. 1h27. Prochainement

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