Cannes 2010 : Palmarès

23-05-2010 - 18:15 - Par

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Tim Burton et ses jurés ont donc rendu leur copie. Et là, pas de bol.

Il y a des années comme ça. Devant la masse de films à voir, Cinemateaser n’a pas pu assister aux projections de tous les films présentés en compétition, et a parfois préféré privilégier Un Certain Regard ou la Semaine de la Critique. Ou juste écrire les critiques des films que nous avons vus. Résultat ? Pas de bol, Tim Burton et ses jurés ont choisi d’offrir majoritairement leurs lauriers à la poignée d’opus qui nous sont restés inconnus. C’est con.

Six ans après son Prix du Jury pour TROPICAL MALADY et huit ans après avoir été couronné à Un Certain Regard pour SUD SANAEHA, le thaïlandais Apichatpong Weerasethakul se voit remettre le prix ultime, la Palme d’Or, pour son ONCLE BOONMEE CELUI QUI SE SOUVIENT DE SES VIES ANTÉRIEURES. Un opus que nous avons manqué, donc, et qui dès sa projection, a été entouré d’une hype presque surréelle et qui pour le moment, n’a toujours pas de distributeur français. Selon Aurélien Ferenczi (Télérama), les producteurs le soldaient hier à 50.000 euros. Gageons que sa victoire fera monter les enchères…

La France, elle, reçoit rien de moins que trois prix. Xavier Beauvois repart ainsi avec le Grand Prix pour DES HOMMES ET DES DIEUX et sur scène, rend hommage aux moines de Tibhirine assassinés en 1996, et aux acteurs qui les ont interprétés dans son film. Juliette Binoche est elle couronnée du Prix d’interprétation féminine pour COPIE CONFORME. Très émue, elle remercie Abbas Kiarostami, dont la caméra « a révélé [sa] générosité, [sa] complexité », puis salue Jafar Panahi, cinéaste iranien incarcéré, en brandissant une pancarte à son nom, avant de brocarder Thierry Frémaux pour avoir programmé le film aux séances de 22h. Une petite pique ingrate, l’actrice étant cette année la figure de proue de l’affiche. Un geste ayant mis COPIE CONFORME en lumière avant même qu’il ne soit présenté.

Mais la récompense faisant le plus plaisir, et ayant donné le meilleur moment de la cérémonie était sans conteste le prix de la mise en scène décerné à Mathieu Amalric pour TOURNEE. Son quatrième long-métrage, boule nerveuse de rire et d’émotions, débordant de vie (au sens propre comme artistique), semble avoir ravi le jury, tout sourire lorsque le cinéaste/acteur est monté sur scène. Les larmes aux yeux, il a appelé ses comédiennes sur scène « parce que la mise en scène, c’était elles, c’était l’équipe ». Si l’on sombre rarement dans la guimauve, on va quand même le dire : Mathieu, tu cartonnes.

Du côté des acteurs, ce sont Javier Bardem pour BIUTIFUL et Elio Germano pour LA NOSTRA VITA qui sont couronnés. Si le premier a déroulé un discours classique se terminant sur un joli mot à l’attention de sa Penélope (Cruz) « que j’aime tant », Germano a lui secoué la salle (dans le bon sens) en dédiant sa récompense aux « Italiens qui font tout pour faire de l’Italie un pays meilleur, malgré sa classe dirigeante ». Bon point !

Tim Burton et ses jurés ont par ailleurs décidé de saluer le cinéma africain en offrant le Prix du Jury à UN HOMME QUI CRIE de Mahamat Saleh-Haroun, premier film venu d’Afrique présenté en compétition depuis 14 ans. Un geste forcément symbolique, souligné par le cinéaste tchadien, qui, rappelant que très peu de films se font sur son continent, assure que sa philosophie pour contrecarrer ce problème est de « concocter des films comme on mijote des petits plats ». Lee Chang-dong, lui, déjà venu voilà trois ans pour SECRET SUNSHINE, reparti bredouille, est cette fois récompensé du Prix du scénario pour son POETRY, extrêmement apprécié par la critique.

C’est promis, l’an prochain, on prendra de la coke pour voir encore plus de films, et ainsi ne pas rater les primés. Ou nous paierons le jury pour qu’il récompense si ce n’est nos favoris, au moins ceux que nous avions choisi dans notre programme de projection.

PALMARES COMPLET :

Palme d’Or
ONCLE BOONMEE CELUI QUI SE SOUVIENT DE SES VIES ANTÉRIEURES de Apichatpong Weerasethakul

Grand Prix
DES HOMMES ET DES DIEUX de Xavier Beauvois

Prix d’interprétation masculine ex-aequo
Javier Bardem pour BIUTIFUL
Elio Germano pour LA NOSTRA VITA

Prix d’interprétation féminine :
Juliette Binoche pour COPIE CONFORME

Prix du scénario
POETRY de Lee Chang-dong

Prix de la mise en scène
Mathieu Amalric pour TOURNEE

Prix du Jury
UN HOMME QUI CRIE de Mahamat Saleh-Haroun

Caméra d’Or
ANO BISIESTO de Michael Rowe (présenté à la Quinzaine des Réalisateurs)

Palme d’Or du court-métrage :
CHIENNE D’HISTOIRE de Serge Avedikian

Prix du Jury pour le court-métrage :
MICKY BADER de Frida Kempff

Pour rappel, voici les chouchous de la rédaction :

Prix d’interprétation féminine :
Lesley Manville pour ANOTHER YEAR

Prix d’interprétation masculine :
Raphaël Personnaz pour LA PRINCESSE DE MONTPENSIER
Javier Bardem pour BIUTIFUL

Prix de la mise en scène :
Kornel Mundruczo pour TENDER SON

Prix du Jury :
TOURNEE de Mathieu Amalric

Grand Prix :
MON BONHEUR de Sergei Loznitsa

Palme d’Or :
ANOTHER YEAR de Mike Leigh

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