Cannes 2010 : Robin des Bois

12-05-2010 - 00:01 - Par

RobinBoisBandeau

Certains pensaient qu’une nouvelle version cinématographique du bandit au grand cœur ne présentait pas d’intérêt. Malgré de gros défauts, le ROBIN DES BOIS de Ridley Scott prouve tout le contraire.

Début du XIIIeme siècle. Robin Longstride, archer de la couronne d’Angleterre revient des Croisades et suit le Roi Richard Cœur de Lion dans sa tentative de défendre le royaume anglais contre les assauts des Français. Après la mort au combat du souverain, Robin et trois compagnons rentrent en Angleterre et sont embrigadés par hasard dans une lutte contre le Prince Jean. Une épopée dans laquelle Robin va prendre en main son destin tout en comprenant enfin son passé. Vous l’aurez compris, ROBIN DES BOIS présente la genèse du héros, insérée dans un contexte historique à la fois documenté avec sérieux et remanié dans l’intérêt du récit. Un parti-pris au cœur de la réussite du film.

RobinBoisPosterDix ans après GLADIATOR, Ridley Scott et Russell Crowe nous refont le coup de conter le destin d’un homme emporté par le cours de l’Histoire, occasion rêvée de réécrire cette dernière pour livrer un divertissement épique et humain. Exit Marc-Aurèle et l’empire romain, bonjour Jean Sans Terre et l’Angleterre pré-Magna Carta. Pour tout amateur d’Histoire et de politique, ROBIN DES BOIS s’avèrera passionnant. Bien sûr, il sera recommandé de ne pas trop prendre au sérieux ou à la lettre le récit. Mais l’idée de faire de Robin des Bois un des moteurs de la modernité politique anglaise et de la signature de la Magna Carta (qui en 1215, limite les pouvoirs du Roi et affirme les libertés individuelles) donne à cette genèse une force narrative indéniable, où le personnage se découvre une ampleur jusqu’alors inédite. D’autant que ce parti-pris, développé à grands coups de machinations, trahisons et secrets d’alcôve, donne au film des atours résolument modernes, entre thriller politique paranoïaque et observation sarcastique d’événements contemporains (du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes à la crise économique). Un récit se déroulant avec patience, mais qui malheureusement, patine légèrement durant son premier quart d’heure. L’enchaînement des événements paraît fabriqué, les qualités humaines évidentes de Robin Longstride RobinBoisPicPetitesont exposées avec trop de manichéisme. Un tir largement corrigé par la suite, à la faveur d’un arc narratif engageant durant lequel Robin, en découvrant son passé, apprend à maîtriser son futur. Mais au-delà de cette insertion enthousiasmante de la petite histoire dans la grande, ROBIN DES BOIS s’avère avant tout un spectacle rigoureux, qui devrait fasciner les enfants en mal de chevaleresque, et donner à leurs parents une bonne dose de frissons. Qu’il s’agisse de l’assaut d’un château français, ou d’une bataille épique au pied des falaises de Douvres, Ridley Scott ne fait pas que livrer un GLADIATOR à capuche, mais donne un sérieux coup de jeune au mythe de Robin, véritable action star médiévale. Du sang et de la fureur, mise en scène avec la faim d’un débutant et interprétée avec conviction. Certes, ROBIN DES BOIS n’est pas exempt de défauts. Mais qu’il s’agisse de la musique omniprésente, de la romance forcée et déjà vue entre Robin et Marianne, ou du rôle trop ouvertement comique des Merry Men de Robin, rien qui n’empêche ce ROBIN DES BOIS de créer un tourbillon prenant et divertissant, que l’on espère voir détaillé dans d’éventuelles suites.

Robin des Bois, de Ridley Scott. USA. 2h10. Avec Russell Crowe, Cate Blanchett. Sortie le 12 mai 2010. Festival de Cannes, sélection officielle, hors compétition, film d’ouverture.

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