Autour de Cannes : on a vu « Legacy »

13-05-2010 - 17:40 - Par

BANDEAULEGACY

Il y a un mois jour pour jour, nous vous relayions bande-annonce et extraits de LEGACY, le nouveau film d’Idris Elba. Au Marché du Film de Cannes, on a (enfin) pu le voir.


Vous n’êtes peut-être pas sans savoir le respect inconditionnel qu’on voue à Idris Elba, interprète mythique de Stringer Bell dans THE WIRE (SUR ECOUTE, en VF) et plus récemment, petit voyoucrate de ROCK’NROLLA. D’où notre intérêt immédiat pour LEGACY, thriller psychologique dont il est le héros et qui fait doucement son buzz entre les festivals de Sundance et de Tribeca.

PIC2LEGACYAvec un budget minimal, un immeuble désaffecté, une chambre d’hôtel et une petite dizaine de uzis, certains réalisateurs seraient bien emmerdés. Thomas Ikimi,  non. Avec ça et en 22 jours de tournage, il livre un drame très particulier, aussi humble, dense et profond que pourrait l’être un chef d’œuvre du théâtre. Et si avec le trailer, on avait du mal à saisir la dimension hitchcockienne qu’il arguait avoir injecté à son histoire (notamment en livrant des posters rendant hommage aux films du père de LA CORDE), on le comprend maintenant avec ces 90 minutes de thriller pur jus. Du grand cinéma (malgré lui) reposant sur une intrigue, un homme, un lieu. LEGACY se lit via l’esprit de son héros, un soldat des forces spéciales revenant d’une mission mal terminée avec l’envie irrémédiable de balancer les responsables. Ikimi, lui, le filme tapi dans une seule pièce, partageant ses crimes, ses remords et sa haine face caméra ou à coup de flashbacks. Comme le testament d’un homme en proie avec la folie, pris en étau entre sa paranoïa et la volonté de s’en sortir. Là réside donc l’importance de la mise en scène d’abord (Ikimi évite incontestablement les pièges du huis-clos) et de l’acteur. Et ce n’est pas peu de dire qu’Idris Elba, de tous les plans, porte littéralement le film. Bouleversant, possédé par son personnage de soldat lâché par son pays, voire parfois littéralement en transe, il se révèle définitivement comme l’un des acteurs les plus charismatiques et les plus impressionnants de notre époque. Son corps massif,  ses yeux ronds comme des billes d’enfants et son sourire ambigu sont devenus les armes imparables d’un jeu guerrier, puissant et néanmoins charmant. Si bien qu’il transforme chaque plan en moment de grâce absolu. Une véritable démonstration au service d’un récit malin, dont l’extrême modestie est sans cesse pardonnée par la leçon d’efficacité qu’un jeune réalisateur et un acteur sous-estimé ont voulu nous donner.

On croise sincèrement les doigts pour qu’un distributeur un peu casse cou veuille bien l’acquérir pour le marché français. Parce que si ce n’est pas un grand film au sens lyrique du terme, c’est une masse compacte et nerveuse d’un cinéma simple comme on n’en voit plus…

Legacy, de Thomas Ikimi, GB. Avec Idris Elba, Eamonn Walker. 1h30. Prochainement

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