The Karate Kid : chronique

21-07-2010 - 16:43 - Par

KarateKidChroniqueBandeau

Remaker un film qui n’a pas trente ans d’âge : inutile ? Oui, sans aucun doute. Mais malgré tout, THE KARATE KID s’en tire.

Dre a douze ans. Sa mère, ouvrière dans l’automobile à Détroit est délocalisée avec son usine en Chine. Le gamin, orphelin de père, en colère contre la vie et le monde entier, se retrouve loin de chez lui, dans un pays dont il ne parle pas la langue. Mais pire, il devient la cible de maltraitance de camarades chinois au kung-fu facile. Heureusement, l’intendant de son immeuble, Mr Han, n’est autre que Jackie Chan, et va lui apprendre à se défendre. Vous l’aurez compris, KARATE KID version 2010 s’affiche comme un remake ultra-linéaire de son modèle. Alors, où est l’intérêt ? Dans les performances bluffantes d’un sale gosse fils à papa et d’une action star de notre enfance qui se rachète une conduite.

KarateKidChroniquePosterSi Hollywood venait à remaker LES DENTS DE LA MER ou GREMLINS (pour n’en citer que deux), nous y verrions un sacrilège. Un vomi cynique de plus de la part d’exécutifs en mal d’inspiration. Mais pour KARATE KID, plus madeleine que chef d’œuvre, point de crime de lèse-majesté. Juste la volonté un peu bêta de raconter une histoire top cool à des kids biberonnés aux clips MTV, incapables de se poser devant un film à l’esthétique ringarde et surannée. Du nivellement par le bas, sans doute, mais pas un scandale pour autant.

Alors plutôt que d’observer ce nouveau KARATE KID comme relecture d’un film chéri de notre enfance, mieux vaut le juger pour ce qu’il est. Et autant le dire franco, l’opus de Harald Zwart affiche le très mauvais comme l’excellent. Bande-originale insupportable (on passe de Justin Bieber à de la pseudo musique folklorique chinoise), scènes de combat filmées avec les pieds, morale assénée au marteau de Thor, éruption soudaine et forcée de bons sentiments, love story inutile : tout ce qui peut nous irriter dans un film hollywoodien ultra-calibré s’affiche ici fièrement.

Et dans tout ce marasme, surgissent de purs moments de cinéma, principalement lors des face-à-face entre Dre et Han. Car Jaden Smith et Jackie Chan livrent ici des performances stellaires. La star asiatique, que l’on n’avait pas vue aussi convaincante depuis… on ne sait plus quand, lave enfin l’affront de ses RUSH HOUR, KUNG FU NANNY et autres NEW POLICE STORY, pour revenir à une force brute digne de LA HYÈNE INTRÉPIDE et DRUNKEN MASTER. C’est simple, son Mr Han met une pile à Mr Myagi. Charismatique et délicieusement mystérieux, Chan, qui livre pour notre plaisir quelques (rares) moments de bravoure acrobatique, aborde également avec succès un registre où il a rarement excellé : le drame. L’honnêteté de sa performance et l’émotion qui en résulte ne font qu’accroître la tendresse naturelle qu’il a toujours générée.

KarateKidChroniquePicFace à lui, Jaden Smith, fils de papa Will et maman Jada (producteurs et initiateurs du projet…) s’avère LA surprise de KARATE KID. Les soupçons de népotisme et sa p’tite gueule d’ange arrogant en faisaient une proie facile à nos envies de dézingage, mais Smith et son talent déconcertant, nous ferment tout simplement le clapet. Certes, quelques scènes font de lui le jouet de l’envie complaisante de ses parents de le voir briller. Mais avec une puissance et une justesse dignes d’un grand acteur (oui, un GRAND acteur), Jaden Smith ne joue pas, il EST, et balaie un spectre d’émotions d’une ampleur phénoménale. Le tout donnant à ce remake un regard bien plus acéré sur les blessures de l’enfance (et la colère qu’elles engendrent) que l’original. Rien que pour voir ce gamin de douze piges presque flippant, s’épanouir de la sorte sur un écran, KARATE KID valait la chandelle. La plus-value vitale à la viabilité d’un remake par essence inutile, la voilà.

The Karate Kid, de Harald Zwart. 2h20. USA. Avec Jaden Smith, Jackie Chan. Sortie le 18 août

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.