Jackass 3D : chronique

03-11-2010 - 15:07 - Par

Jackass 3D : chronique

Tous aux abris ! La bande de Johnny Knoxville revient. Une franche réussite, si tant est qu’on aime le vomi, les roubignolles, les propulsions de matières fécales, et les crétins.

Dix ans après le début de la série MTV, huit ans après le premier film et quatre après le second, les abrutis de JACKASS sont de retour avec un troisième volet, le premier à trouver le chemin des salles de cinéma françaises. Au programme, l’inévitable 3D, des cascades débiles, des délires scatologiques d’envergure, des caméras cachés impliquant des nains ou des vieux pédophiles. Bonne nouvelle : en retrait dans le deuxième film, Johnny Knoxville reprend ici les rênes de la chose. Un retour en pleine forme pour celui qui, voilà près de quinze ans, inventait le concept pour des vidéos destinées au magazine de skate « Big Brother ».

Jackass-Chronique-PosterAutant le dire tout de suite : JACKASS 3D fait partie de ces objets cinématographiques impossibles à critiquer comme les autres. Pas de scénario, pas de récit, pas de jeu d’acteur. Si bien que a priori, JACKASS ne peut-être jugé qu’à travers le prisme forcément réducteur de la subjectivité. On aime ou pas. Entendons par là : on rit ou pas. De ce point de vue, les amateurs de la série y trouveront leur compte. Knoxville et sa bande déploient des trésors d’imagination pour monter des cascades aussi impressionnantes que débiles et inutiles, et des moments d’hystérie sado-maso dont on peine à croire qu’ils sont réels.

On avouera d’un point de vue personnel que les délires scatologiques, plutôt limités dans cet opus, ne sont pas nécessairement notre tasse de thé. Au contraire des moments où Knoxville, Pontius, Margera et les autres s’infligent les pires souffrances, tantôt face à un joueur de football américain amateur de plaquages musclés, tantôt face à des animaux de tout poil, peu enclins à se laisser emmerder par des bouseux ridiculement déguisés. Des jeux du cirque toujours aussi voyeuristes, certes, qui gêneront certains, feront rire d’autres (dont nous) et indiffèreront les derniers.

Jackass-Chronique-PicMais au-delà de ce jugement forcément limité, circonscrivant la critique au banal « chacun ses goûts », JACKASS 3D parvient à développer un vrai propos, une vraie ambiance, et oh surprise, de vrais parti-pris de mise en scène. Faisant sortir ce troisième volet du simple concept destiné à faire rire les ados attardés que nous sommes. La 3D, par exemple, a rarement autant servi un long-métrage. Hormis des plans convertis (caméra à l’épaule, caméras cachés…) forcément peu convaincants, ceux en 3D native s’avèrent particulièrement soignés. Parmi eux, ceux au ralenti prouvent après LE ROYAUME DE GA’HOOLE que la 3D n’est jamais aussi appréciable qu’en slow motion. L’occasion rêvée pour le réalisateur Jeff Tremaine de capter avec d’autant plus de détails, et donc de force, ce qu’infligent Knoxville et ses potes à leurs corps.

Le propos de JACKASS a toujours été là : dans l’observation humoristique et très « fight clubienne » de la déliquescence de la Génération X, obligée de se faire mal et d’en rire pour se sentir vivant. Des délires de potaches, certes, mais desquels jaillit une vraie mélancolie. Surtout que JACKASS 3D s’affirme comme un vrai film de potes, arrivés au crépuscule de leur carrière ensemble. Si le métrage recèle de moments nostalgiques décelables au détour d’une vanne ou d’une cascade, le générique de fin affiche clairement les choses. Sur le « Memories » de Weezer, fort à propos, les gars de JACKASS y tournent une page. Une sorte de chant du cygne très émouvant, où Knoxville et ses comparses semblent obligés de grandir, sans pour autant se renier. Pas étonnant qu’à la production de JACKASS (depuis les débuts) on trouve Spike Jonze, qui avait déjà abordé cette inéluctable et douloureuse fin de l’enfance dans son superbe MAX ET LES MAXIMONSTRES.

Jackass 3D, de Jeff Tremaine. USA. 1h16. Avec Johnny Knoxville, Bam Margera, Chris Pontius, Steve O. Sortie le 3 novembre 2010.

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