SUR ÉCOUTE taclée par la police, son créateur répond

21-01-2011 - 10:56 - Par

La plus grande série policière de tous les temps observait sans concession la misère, le trafic de drogue et les arcanes politiques de la ville de Baltimore. Son commissaire s’en insurge aujourd’hui, alors David Simon réplique. Violemment.

Il s’appelle Frederick H. Bealefeld et ce chef de la police de Baltimore n’a toujours pas digéré la façon dont le travail de ses employés a été dépeint dans SUR ÉCOUTE (THE WIRE). La série de HBO a exploré pendant cinq saisons (de 2002 à 2008) la lutte contre le trafic de drogue, en critiquant avec véhémence la façon dont les autorités se souciaient davantage des statistiques que du bien être des citoyens. Ça nous rappelle vaguement quelque chose.

Dans une conférence de presse, Bealefeld, qui présentait les résultats récents de la police de Baltimore, s’en est violemment pris à la série de David Simon : « SUR ÉCOUTE restera comme une tache sur la face de notre ville, et l’on mettra des décennies à l’effacer. Dans les autres séries policières, Miami emploie des flics ressemblant à des top-models et se déplaçant dans des voitures de sport. New York, elle, possède des procureurs incorruptibles et des flics compétents résolvant les crimes les plus compliqués. Nous, à Baltimore, on a eu une série qui disait que notre ville n’avait aucun espoir. Aucun effort n’y était fait pour mettre en lumière les choses merveilleuses qui se passent ici. » En même temps, Baltimore fut pendant longtemps l’une des villes les plus violentes des Etats-Unis avec un record de 379 meurtres en 1993…

Piqué à vif, David Simon, qui travaille actuellement à la deuxième saison de TREME, a décidé de réagir sur le blog du Baltimore Sun. Dans une longue lettre, parfois très technique (mais passionnante) sur les politiques de lutte contre le crime, le scénariste lance, offensif : « D’aucuns pourraient arguer du contraire, mais soixante heures de SUR ÉCOUTE ne demanderont pas des décennies à être surmontées, comme le clame le commissaire. Le problème serait plutôt deux décennies de mauvais résultats de la part de la police, trop préoccupée par les statistiques (…) et ne cherchant pas à résoudre les véritables causes de la violence. Ils préfèrent rejeter la faute sur d’autres plutôt que de prendre leur responsabilité. » David Simon rappelle par ailleurs que la façon dont SUR ÉCOUTE dépeint la situation de Baltimore « représente de façon réaliste ce qu’il s’y est déroulé pendant vingt ans depuis l’explosion du trafic de cocaïne. »

Mais le clou de la lettre de Simon réside en cette phrase vindicative, rappelant la sincérité avec laquelle SUR ÉCOUTE fut réalisée : « Laissez-moi dire publiquement que SUR ÉCOUTE ne doit d’excuses à personne. Et surtout pas pour avoir montré la pauvreté, la guerre contre la drogue, les conséquences désastreuses de la répression aveugle, les velléités du pouvoir à couvrir ses arrières. (…) En tant que citoyens de cette ville, usant de récit fictionnel pour débattre des priorités de la police, les créateurs et scénaristes de SUR ÉCOUTE avaient juste décidé de faire sécession. » David Simon président ?

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