BLACK SWAN : chronique

11-02-2011 - 06:00 - Par

Natalie Portman joue les étoiles filantes au sein d’un corps de ballet en perte de vitesse. Osseuse, névrosée et prête à tous les sacrifices, elle délivre une prestation proche de la transcen-danse.

Nina (Natalie Portman), une ballerine qui jusqu’ici n’était jamais sortie du rang, obtient à force de travail et de volonté, le rôle principal du Lac des cygnes. C’est le début d’un long chemin de croix qui l’obligera à s’affranchir de l’emprise d’un chorégraphe nourri aux feux de la rampe (Vincent Cassel), d’une mère maniaco-dépressive (Barbara Hershey) et d’une rivale un peu trop sûre d’elle (Mila Kunis). C’est aussi, et surtout, les prémices d’une subtile descente aux enfers qui conduira Nina au bord de la folie…


Darren Aronofsky, le réalisateur de REQUIEM FOR A DREAM, poursuit la réflexion engagée avec THE WRESTLER sur le rapport entre souffrances infligées au corps humain et dérives de la psyché. Ainsi, la pratique stakhanoviste d’une discipline physique demanderait de sacrifier tout autre moyen d’expression… Natalie Portman a fait sien ce mode de pensée. Son corps osseux, théâtre de toutes les privations, est déjà impressionnant, mais c’est bien son regard, fiévreux, torturé, noyé dans un visage d’ange, qui met le spectateur mal à l’aise. Et le renvoie à ses peurs les plus primales : la perte d’identité et la dissolution du moi. Ces craintes ancestrales sont d’autant plus prégnantes que la mise en scène, aux relents sexués, maintient constamment le public sous pression. La résurgence du fantastique au creux de l’histoire ‚ – violente, syncopée, brutale ‚- contraste avec la fluidité des chorégraphies et la musique de Clint Mansell. De cette opposition formelle naît une ambiance malsaine, un sentiment de gêne, proche du viol symbolique. Dés lors, la question est posée : faut-il se réjouir que Nina atteigne son objectif ?

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