WINTER’S BONE : chronique

03-03-2011 - 16:42 - Par

Une adolescente traque son père criminel dans un Missouri dévasté par la misère et la violence quotidienne. Ou comment passer 1h40 en apnée.

Jardins jonchés de détritus, drapeaux ricains dans tous les coins, ciel gris plombant des forêts froides et hostiles, chiens errants, séances de tir après le p’tit déj : WINTER’SBONE sent le redneck effrayant à la DELIVRANCE. Celui que l’Amérique aimerait garder caché dans un placard, mais qui constitue la moelle d’un pays construit sur la violence et la maîtrise des grands espaces. Cette face quasi-documentaire du deuxième long-métrage de Debra Granik pourrait en faire un film indépendant de plus, cherchant le misérabilisme et le paternalisme irritants voués à émouvoir l’Académie des Oscars. Rien de tout ça dans WINTER’S BONE. Ce background réaliste, traversé de gens du cru filmés avec bienveillance, sert avant tout une histoire universelle de survie, de relation à sa communauté, et de lien familial, aussi gangréné soit-il. L’héroïne de 17 ans, Ree, y recherche son père criminel, disparu, afin de ne pas perdre la propriété familiale et ainsi sauver le futur de son frère et de sa soeur, 12 et 6 ans. La cinéaste, en adaptant un roman de Daniel Woodrell, inventeur du « country noir », mélange d’exploration naturaliste du Midwest et de polar, fait preuve d’une sincérité brute dans son observation de cette Amérique fabriquant de la drogue parce qu’elle crève la dalle, et d’une efficacité redoutable dans son récit, véritable thriller. Ree retrouvera-t-elle son père ? Survivra-telle à la loi du silence imposée par des rednecks patibulaires ? Les enjeux de WINTER’S BONE sont simples, mais portés par une tension étouffante et un scénario préférant l’atmosphère au rebondissement. Mais aussi par une jeune actrice qui, de tous les plans, nous crache à la gueule son âme de guerrière emprisonnée derrière un visage d’ange : Jennifer Lawrence.

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