WORLD INVASION – BATTLE LA : chronique

15-03-2011 - 12:44 - Par

Il avait généré chez les fans de SF de multiples attentes, pour ne pas dire évoqué le fantasme d’un film ultime. C’est un peu différent de ce qu’on espérait, mais non moins redoutablement efficace.


À force d’un premier teaser monté sur « The Sun’s Gone Dim and the Sky’s Turn Black », musique hautement mélancolique s’il en est, et de trailers aux images très fortes, BATTLE LA nous avait réellement donné envie d’assister à la fin du monde par les aliens et d’être témoin d’une belle désolation. Après tout, le pitch – des villes côtières américaines sont envahies par des extraterrestres désireux de pomper notre eau – se prêtait autant à la philosophie qu’à de l’action pure et dure. Pour la poésie, on se contentera du postulat titillant l’imagination et la sensibilité des ufopartisans convaincus. Pour la pyrotechnie, l’échange intempestif de bastos et le combat burné, vous êtes au bon endroit.

BATTLE LA met en scène un bataillon de marines envoyés sauver une poignée de civils, réfugiés dans un coin de Los Angeles infesté d’aliens et voué à être rayé de la carte par les US Marines. Une stratégie du ménage par le vide comme l’aveu d’échec d’une armée paumée face à la haute technologie de l’envahisseur particulièrement belliqueux. Face à ce gros film de guerre, qui n’a d’autres prétentions que celle de dérouler le combat entre les USA et les petits gris, on s’étonne souvent du patriotisme maladroit, pourtant filmé par la caméra d’un sud-africain, et de phrases malheureuses nivelant le film par le bas : « je préférerais être en Afghanistan » fait grincer des dents quoique l’ironie de la chose nous a sûrement échappé, le « montrons leur à qui ils se sont frottés » asséné par un Aaron Eckhart d’habitude plus finaud nous fait ricaner bêtement et Michelle Rodriguez qui en fait des caisses en soldat burnée rappelle dangereusement que la folie meurtrière n’épargne personne. On en passe sur l’héroïsation à outrance de l’uniforme, que les évènements de 2001 ont forcément exacerbé dès que les USA traitent de l’intrusion de l’ennemi sur le territoire, et on remettra en perspective une volonté sous-jacente d’exciter l’instinct primaire du jeune yankee, avec la vocation naïve d’être un pur entertainer. En la matière, d’ailleurs, BATTLE LA est irréprochable.

Jonathan Liebesman démarre son film avec une brève exposition de ses personnages, pas tant pour que vous sachiez qui va combattre, mais plutôt pour que vous ayez une idée de qui va mourir. Car jamais, on est à l’abri de voir un des fabuleux soldats, assimilés à de la chair à canon, crever sous le feu de quelque drone extraterrestre. Via des scènes brutes, sans ambages, le spectateur est lui aussi sous une pression folle, dans une volonté d’immersion redoutablement efficace. Sur les 110 minutes que dure le film, il y a une bonne centaine d’action lourde, sans répit. Assaillis par les images spectaculaires, une bande-son bruyante à s’en fair e péter les tympans, nous sommes pris au col, noyés dans la violence des combats, traînés dans des scènes de guerre d’une tension insoutenable. Une tension d’autant plus prégnante que les SFX sont d’un grand photoréalisme (merci à Neill Blomkamp, réalisateur de DISTRICT 9 et conseiller de Jonathan Liebesman pour le design des vaisseaux et des aliens). Ainsi, lorsque le réalisateur revendique BATTLE LA comme un néo BLACK HAWK DAWN, il n’y a rien d’offusquant à cela. Plus trivial qu’il nous le semblait, BATTLE LA est tout de même un sacré bout de cinéma d’action.

De Jonathan Liebesman. USA. Avec Aaron Eckhart, Ne-yo, Michelle Rodriguez. 1h50. Sortie le 16 mars

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