RABBIT HOLE : chronique

13-04-2011 - 12:09 - Par

Après les très expansifs HEDWIG AND THE ANGRY INCH et SHORTBUS, John Cameron Mitchell signe un film tout en retenue sur le deuil et l’absence de communication. Nicole Kidman n’a pas volé sa nomination pour l’Oscar de la meilleure actrice.

Ce qui frappe à première vue dans RABBIT HOLE est la construction du récit. Le choix d’informer, par petites touches pudiques, les spectateurs sur les événements survenus récemment dans la vie de Becca (Nicole Kidman) et Howie (Aaron Eckhart). A priori, ces deux-là forment un beau couple, ont la santé, habitent une maison magnifique et semblent ne manquer de rien. Pourtant, leurs regards sont éteints et leurs visages fermés. Au fur et à mesure que l’histoire gagne en épaisseur, on apprend – via une réflexion malhabile, un silence gêné ou une scène familiale embarrassante –, qu’ils ont perdu leurs fils de 4 ans, voici huit mois. Peu à peu, les détails du drame, telles les pièces d’un puzzle morbide, nous sont révélés et conduisent à réévaluer l’attitude des protagonistes à la lumière du passé. Brisés par le malheur, Howie et Becca tentent chacun à leur manière d’appréhender un quotidien qui leur apparaît désormais étrangement monstrueux. Le titre du film, RABBIT HOLE, trouve ici son explication. Il fait directement référence au plongeon d' »Alice au pays des merveilles » dans le terrier du lapin blanc et un univers, au final, inconnu. Qui a connu une grande douleur se détache souvent du monde qui l’entoure… Ce qui était familier devient grossier. Intime, presque vulgaire. Demeure la culpabilité, inexplicable et subversive. Adapté de la célèbre pièce de théâtre éponyme de David Lindsay-Abaire, RABBIT HOLE est un long-métrage sensible, quoique parfois un peu froid et distant, qui s’inscrit dans la droite ligne de CROSSING GUARD et LA CHAMBRE DU FILS. Il dit la difficulté de survivre à l’indicible. Il renseigne sur le travail de deuil et son corollaire, le repli sur soi. L’absence de communication qui s’est installée entre Howie et Becca laisse suggérer combien ils ont dû être heureux et, du coup, jamais le fait de sauvegarder les apparences n’est apparu aussi glaçant. L’émotion qui se dégage du film doit beaucoup à la réalisation économe de John Cameron Mitchell et à l’immense talent de Nicole Kidman. Sa prestation en mère désorientée, désireuse de trouver du réconfort auprès du responsable (malgré lui) de la mort de son enfant, lui a valu d’être nommée pour l’Oscar de la meilleure actrice. Un honneur mérité.

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