Cannes 2011 : LE GAMIN AU VÉLO / Critique

15-05-2011 - 17:08 - Par

De Luc et Jean-Pierre Dardenne. Sélection officielle, en compétition.

Synopsis : Cyril, bientôt 12 ans, n’a qu’une idée en tête : retrouver son père qui l’a placé provisoirement dans un foyer pour enfants. Il rencontre par hasard Samantha, qui tient un salon de coiffure et qui accepte de l’accueillir chez elle pendant les week-ends. Mais Cyril ne voit pas encore l’amour que Samantha lui porte, cet amour dont il a pourtant besoin pour apaiser sa colère …

On aura beau essayer de vendre LE GAMIN AU VÉLO de la plus racoleuse des manières (genre « The Dardennes are back », « gros divertoche populaire pour les frères Pétard »), les Dardenne étant les Dardenne, avec leurs deux Palmes d’or et leur cinéma si particulier, on ne prêchera pas les réfractaires. Car oui, ils sont d’une fidélité exemplaire à eux-mêmes, et puisqu’ils traînent leur réalisme et leurs héros simples de films en films, ce GAMIN AU VÉLO est un produit 100% belge.
Pour les alliés de la cause Dardenne, LE GAMIN AU VÉLO est du pain béni. Voici, Cyril, jeune garçon de 12 ans, courant après un père fuyant ses responsabilités, s’accrochant par défaut à l’affection d’une coiffeuse du village qui le garde tous les week ends, souffrant d’un manque de repères si grand qu’il va enchaîner les bêtises de son âge et pires si affinités. Cyril se démène dans la vie pour grandir avec l’amour qu’on veut bien lui donner. Oubliez le potentiel lacrymal du récit, le portrait de l’innocence piétinée que vous décelez dans LE GAMIN AU VÉLO est d’une très grande dignité, ce qui fait souvent du cinéma des Dardenne un art a priori austère alors qu’il a grand cœur pour peu qu’on veuille y prêter attention.

Les réalisateurs nous plongent de manière abrupte dans la vie de Cyril, dans celle de Samantha, sans nous donner aucune clé sur leur passé. Pourquoi son père l’a-t-il abandonné ? Pourquoi une coiffeuse mettrait-elle son couple en péril pour un enfant qui n’est pas le sien ? Souvent dans LE GAMIN AU VÉLO, on balaie les questions d’un silence ou d’un « Ch’ais pas » évasif. Ce qui compte, c’est l’instant, les blessures qui se cicatrisent et la promesse éventuelle d’un avenir meilleur. Et le jeune acteur que les Dardenne ont dégoté – un petit lad avec une vraie gueule de cinoche –, est simplement parfait en petite victime animée d’une grande rage et souffrant d’une indéfectible crédulité jusqu’à la rédemption finale, troublante, déchirante. Un film d’une simplicité exemplaire.

Le Gamin au vélo, de Luc et Jean-Pierre Dardenne. Avec Cécile de France, Thomas Doret, Jérémie Renier. 1h30. Sortie le 18 mai.

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