Cannes 2011 : SLEEPING BEAUTY / Critique

12-05-2011 - 07:20 - Par

De Julia Leigh. Sélection officielle, en compétition.

Synopsis : Une jeune étudiante qui a besoin d’argent multiplie les petits boulots. Suite à une petite annonce, elle intègre un étrange réseau de beautés endormies. Elle s’endort. Elle se réveille. Et c’est comme si rien ne s’était passé …

Avec son pitch succinct et sa bande-annonce éthérée, le premier film de Julia Leigh faisait partie des compétiteurs cannois les plus intrigants a priori, d’autant qu’il portait le sceau d’approbation de Jane Campion. Lucy, jeune étudiante, accumule les petits boulots pour payer son loyer et la fac, quitte à vendre son corps, le soir dans des bars. Jusqu’à ce qu’on lui propose de devenir une « beauté endormie » : droguée, elle est rejointe par des hommes âgés qui peuvent vivre avec elle leurs fantasmes, à la seule condition de ne pas la pénétrer. Au réveil, elle n’a aucune connaissance de ce qui s’est déroulé durant son sommeil… Le souci majeur de SLEEPING BEAUTY réside dans le manque de lien créé entre Lucy et le spectateur. A force de vouloir éviter à tout prix le pathos, Julia Leigh épure son récit au maximum, quitte à distiller (trop) peu de détails sur Lucy, son passé, son quotidien, ses fêlures ou ses états d’âme. Forte, indépendante, rebelle voire agressive, elle agit sans que jamais l’on accède à sa psyché et que l’on puisse se raccrocher à elle et ainsi saisir ses réelles motivations ou ses sentiments. Même ses virées chez son ami le plus proche, ex-toxico et suicidaire, ne servent jamais vraiment le récit. Tout juste permettent-elles au final du film d’avoir plus de poids, mais de manière trop mécanique, presque arbitraire. Cette distance finit par faire d’elle un simple jouet de la narration, errant sur l’écran comme un spectre, à l’image de l’objet qu’elle représente pour ses clients. Si encore cette épure débouchait vers un propos fort, qu’il soit sur le féminisme, la misère sexuelle ou l’emprisonnement des jeunes générations dans leur aura fantasmatique. Mais lorsque SLEEPING BEAUTY se termine, ne reste que la terrible impression d’avoir assisté à une certaine forme de vide. Plutôt joli certes, entre photographie soignée et mise en scène quasi exclusivement faite de plans séquence. Mais même cela, Julia Leigh n’en tire pas grand chose, si ce n’est une fade virtuosité.

Sleeping beauty, de Julia Leigh. Avec Emily Browning, Rachael Blake, Ewen Leslie. 1h40. Prochainement.

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