Cannes 2011 : LA PIEL QUE HABITO / Critique

19-05-2011 - 12:10 - Par

De Pedro Almodóvar. Sélection officielle, en compétition.

Synopsis : Ledgard est un brillant chirurgien plastique, qui, voilà une dizaine d’années, a perdu son épouse dans un terrible accident de la route dont elle était sortie brûlée au troisième degré. Obsédé par cette tragédie, il travaille depuis à créer une peau synthétique, grâce à la thérapie cellulaire. Mais pour tester ses recherches, prometteuses, il a besoin de cobayes… Un jour, l’un d’eux se retrouve enfermé dans le sous-sol de la demeure de Ledgard, qui le séquestre là contre sa volonté. Un secret que le chirurgien partage avec Marilia, la nounou qui l’a élevé.

Pedro, oh mi Pedro. On l’aime tant quand il est déviant. On le pensait confortablement installé dans une série de drames féminins, souvent beaux (VOLVER) mais de plus en plus convenus. Et là, le revoilà avec un thriller pur jus, porté par un anti-héros charismatique : un chirurgien plastique qui séquestre une femme pour expérimenter ses travaux sur la peau, après avoir perdu son épouse, « décédée » des suites de ses brûlures lors d’un accident de voiture. À force d’une narration éclatée en plusieurs temporalités, Pedro lève doucement le voile sur les motivations de son protagoniste blessé, taré, psychotique. Psychopathe ? Aussi oui. En révéler plus serait trop en dire. Mais il est surtout défini par son rapport viscéral aux femmes, à leur perfection, à leur pureté. Mais généralement, privé d’empathie, obsédé par la science, il méprise l’individu.
On avait oublié à quel point Antonio Banderas, dès lors qu’il joue en espagnol, jouit d’une présence bestiale et on avait oublié à quel point aussi, Pedro le filme avec fascination, comme hypnotisé par son aura sexuelle, mais envoûté tout autant par son personnage dont il révèle les déviances au fur et à mesure d’une narration particulièrement maline. D’aucun dirait que le film est prévisible, mais pour peu que l’on soit absorbé par l’ambiance extrêmement lourde de LA PIEL, on peut se laisser berner et trouver que le film est l’un des plus complexes et sexués du cinéastes depuis longtemps, nous rappelant parfois la virilité charnelle de EN CHAIR ET EN OS.
On modèrera notre enthousiasme en soulignant parfois l’outrance des dialogues et de certaines péripéties auxquelles on rit sans savoir si notre réaction est celle que Pedro attendait…

La Piel que habito, de Pedro Almodóvar. Avec Antonio Banderas, Elena Anaya, Marisa Paredes. 2h. Prochainement.

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