Cannes 2011 : PATER / Critique

17-05-2011 - 22:09 - Par

D’Alain Cavalier. Sélection officielle, en compétition.

Synopsis : Vincent Lindon et Alain Cavalier, liés par l’amitié, presque comme fils et père. Boire du Porto dans les bars, se demander quel film on peut faire ensemble. De temps en temps, mettre une cravate et un costume. Se filmer en hommes de pouvoir. Histoire de voir jusqu’où on peut mettre les pieds dans le plat. Histoire de rire. Histoire à dormir debout si on confond histoire personnelle et histoire tout court. Et toujours, la bonne question sans réponse du cinéma : est-ce vrai ou pas ?

« Le filmeur » revient à Cannes avec une œuvre profondément atypique qui nous a laissé tout chose. Puisqu’il est de rigueur de pitcher, pitchons, mais ce n’est pas chose aisée. Disons qu’Alain Cavalier est Président de la république française et que Vincent Lindon est son premier ministre. Ce n’est pas qu’une allégorie des relations réalisateur-acteur, c’est surtout les vrais rôles qu’ils se sont donnés pour parler politique, en se filmant réciproquement, dans une mise en abîme assez déroutante à première vue. On connaît Vincent Lindon, homme de gauche, grande gueule à ses heures et perpétuel révolté contre l’injustice sociale, alors PATER est l’occasion pour lui de « fictionnellement » travailler à une loi visant à ce qu’un chef d’entreprise ne gagne jamais plus de dix fois la paie minorant la grille de salaire d’une boîte. Fait de rush de rencontres entre le Président Cavalier et le Ministre Lindon, mais aussi de moment privilégiés entre l’homme Cavalier et l’homme Lindon, PATER est l’occasion de mettre à mal des disfonctionnements évidents de notre société et les travers de la politique actuelle. Jamais de manière appuyée, ni trop bien pensante, mais plutôt de façon ludique, presqu’enfantine, avec une honnêteté de cœur quasi naïve. La forme est probablement rédhibitoire (visuellement PATER n’est pas très intéressant), l’exercice de style un peu limité, probablement hermétique au public étranger, mais ce n’est évidemment pas ce qu’on retient du métrage, basé sur le jeu d’acteur impeccable, les dialogues et les phrases définitives que l’on reçoit avec délectation. Grâce à l’agacement permanent de Lindon (plus charismatique et hypnotisant que jamais) et à la douce bonhommie de Cavalier, malin en diable, on rit beaucoup. D’un rire attendri et parfois coupable. Voilà un film engagé, éclairé, d’aucun dirait citoyen (à raison), qui mérite définitivement d’être vu.

Pater, d’Alain Cavalier. Avec Vincent Lindon, Alain Cavalier, Bernard Bureau. 1h45. Sortie le 22 juin.

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.