Cannes 2011 : THE MURDERER (THE YELLOW SEA) / Critique

19-05-2011 - 14:01 - Par

De Na Hong-jin. Sélection officielle, Un Certain Regard.


Synopsis : Yanji, ville chinoise de la préfecture de Yanbian, coincée entre la Corée du Nord et la Russie, où vivent quelques 800 000 Sino-coréens surnommés les « Joseon-Jok ».
50% de cette population vit d’activités illégales.
Gu-nam, chauffeur de taxi, y mène une vie misérable.
Depuis six mois, il est sans nouvelles de sa femme, partie en Corée du Sud pour chercher du travail.
Myun, un parrain local, lui propose de l’aider à passer en Corée pour retrouver sa femme et même de rembourser ses dettes de jeu.
En contrepartie il devra simplement… y assassiner un inconnu.
Mais rien ne se passe comme prévu…

En 2008, THE CHASER, présenté hors compétition, marquait d’un sceau écarlate le Festival de Cannes. Avec ce thriller violent et virtuose, le jeune cinéaste sud-coréen Na Hong-jin se faisait un nom en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Et dès lors, suscitait une attente fiévreuse pour la suite de sa carrière. Si bien que THE MURDERER, son deuxième long-métrage, s’affichait fièrement comme l’un des sélectionnés les plus attendus de l’édition 2011 du Festival. Na Hong-jin passe avec brio le cap si délicat de la deuxième oeuvre. Un brio assumé, tonitruant, faisant de THE MURDERER un nouveau choc esthétique et narratif. Il nous conte ici l’histoire de Gu-nam, chauffeur de taxi vivant dans la misère, qui, pour payer ses dettes et retrouver sa femme, accepte d’assassiner un professeur à la demande de Myun, petit malfrat ultra-violent. La mission va déraper, et Gu-nam devient la cible des flics, de la bande de Myun, et d’autres mafieux, tout aussi énervés.

De ce pitch somme toute banal, Na tire un grand film nerveux, frontal, mais aussi poétique, désenchanté et poignant. Et ce par la grâce d’un décor cinématographique en diable : la province autonome de Yanbian, qui sert de décor initial du récit. On y croise la misère et des destins brisés par des espoirs trop grands.L’exposition du film, assez longue, s’avère être une fondation idéale, imposant des enjeux forts, amenés avec une redoutable efficacité, et qui, débouchent sur un actioner-thriller imparable et endiablé. Rarement, hormis chez les meilleurs cinéastes d’action américains, aura-t-on été témoin d’une telle virtuosité. Na enchaîne poursuites à pied ou en voitures, bastons, ou tueries sanglantes, avec un sens du rythme ou du découpage terriblement affûté. Des moments de bravoure quasi-baroques, jouant avec une exagération permanente ne nuisant pourtant jamais au réalisme du film. Le tout saupoudré d’un humour noir typiquement coréen, qui permet au spectateur de reprendre son souffle, et ainsi parvenir sain et sauf à une séquence finale déchirante et désespérée, qui donne à l’aventure de Gu-nam des airs de tragédie grecque bouleversante.

The Yellow Sea, de Na Hong-jin. Avec Ha Jung-hoo, Kim Yun-seok, Cho Seong-ha. 2h20. Sortie le 20 juillet

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