Cannes 2011 : MISS BALA / Critique

13-05-2011 - 16:34 - Par


De Gerardo Naranjo. Sélection officielle, Un Certain Regard.


Synopsis : Au Mexique, aujourd’hui pays en guerre où domine le crime organisé de la drogue.
Laura, une jeune prétendante au titre de Miss Beauté, voit son rêve s’écrouler lorsqu’elle est kidnappée par les membres d’un cartel.

Depuis une bonne dizaine d’années, le Mexique fait figure – avec l’Argentine – de locomotive du cinéma sud-américain. Avec des auteurs comme Carlos Reygadas, Guillermo Del Toro ou Alfonso Cuaron, pour ne citer que les plus connus, il a prouvé autant sa diversité que son exigeance. Mais aussi sa vivacité, qui se rappelle à nous avec MISS BALA de Gerardo Naranjo (produit par Gael Garcia Bernal et Diego Luna), véritable boule d’énergie posant sa caméra vindicative sur la gangrène du Mexique : le narco trafic. Un mal qui, malgré les dizaines de milliards de dollars qu’il génère chaque année, ne résout rien à la misère ambiante et a fait environ 30.000 morts ces cinq dernières années. En décidant de ne pas traiter ce sujet de manière « glamour » ou « divertissante » a priori, entendez par là qu’il ne compte pas nous la jouer TRAFFIC ou MIAMI VICE, Naranjo parvient à plonger son récit dans un réalisme étouffant. Il colle sa caméra à son héroïne, Laura, apprentie miss de beauté kidnappée par un cartel et forcée à effectuer diverses missions pour un de ses chefs, Lino, donnant à MISS BALA un point de vue unique : celui de la victime. Identification avec le spectateur maximale, alors que la tension monte, comme dans cette scène de fusillade où le cadre enserre Laura qui tente de s’en sortir. Ou dans cette séquence dans laquelle elle doit déposer une voiture devant une ambassade sans en connaître la raison ni les conséquences. La malice de MISS BALA réside dans ce lien créé avec le spectateur, qui aimerait voir Laura réagir, se battre pour échapper au cartel. Mais pas d’héroïsme ici. On sait que la jeune femme ne peut rien faire et cette frustration, autant du personnage, que du spectateur, agit en moteur implacable du récit. Sans compter que Naranjo, aussi à l’aise dans l’intimité de scènes dialoguées que dans la fureur du déchaînement de violence, s’applique autant à croquer ses personnages qu’à chroniquer violemment la situation tragique que connaît son pays. Si le propos lorgne parfois un peu trop sur le « tous pourris ou presque », Naranjo contre-balance en parvenant à donner à Lino une certaine grâce, voire une certaine douceur. Un pincée d’ambiguïté en plus, cerise sur un gâteau déjà délectable.

Miss Bala, de Gerardo Naranjo. Avec Stéphanie Sigman, Noe Hernandez, James Russo. 1h53. Prochainement

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