Cannes 2011 : RESTLESS / Critique

13-05-2011 - 15:25 - Par

De Gus Van Sant. Sélection officielle, Un Certain Regard.


Synopsis : Bien qu’en phase terminale d’un cancer, la jeune et jolie Annabel Cotton (Mia Wasikowska) est animée d’un amour profond de la vie et de la nature. De son côté, Enoch Brae (Henry Hopper) a cessé d’avoir envie de faire partie du monde depuis que ses parents sont tragiquement morts dans un accident. Lorsque ces deux êtres à part se rencontrent à un enterrement, ils se découvrent d’étonnants points communs. Pour Enoch, dont le meilleur ami se trouve être le fantôme d’un pilote de guerre kamikaze, et Annabel, qui voue une fascination à Charles Darwin et à la vie de toute créature, c’est le début d’une relation exceptionnelle. En apprenant la mort imminente d’Annabel, Enoch propose de l’aider à vivre ses derniers jours avec intensité, au point de défier le destin, les traditions et la mort elle-même.
Alors que grandit leur amour unique, les réalités du monde les rattrapent. Audacieux, enfantins et rares, Enoch et Annabel affrontent courageusement le destin. Luttant contre la douleur, la colère et le sentiment de perte avec toute la fougue de la jeunesse, ces deux jeunes gens réussissent à renverser les choses et à jouer selon leurs propres règles. Leur voyage se heurte pourtant à la marche inexorable du temps : de plus en plus insistante, la mort vient réclamer Annabel…

Gus Van Sant sur la Croisette, même avec un film de « commande », c’est toujours un événement, non ? Le réalisateur de ELEPHANT (Palme d’Or), de LAST DAYS ou de PARANOÏD PARK (pour ne citer que ces excellents métrages) nous présente son nouveau film, produit par Ron Howard et sa fille Bryce Dallas, distribué par Sony, en ouverture d’Un Certain Regard. Événement. Au casting, Mia Wasikowska, popularisée par le milliard de dollars généré par le ALICE AU PAYS DES MERVEILLES de Burton : événement. Face à elle, Henry Hopper, fils de feu Dennis : événement. L’excitation autour du Gus Van Sant, c’était avant sa présentation. Après ? Ça fait débat. Il y a ceux qui ont estimé que ce RESTLESS était un mélo absolument charmant. Et, il y a ceux qui comme nous, pourtant très acquis à l’art du réalisateur, ont trouvé le film vaguement séduisant si l’on est pas trop regardant, puis finalement… assez mineur.

En narrant la rencontre entre une jeune femme que le cancer condamne à très court terme et un orphelin arpentant les enterrements et taillant le bout de gras à un kamikaze fantôme (son ami imaginaire), RESTLESS se voulait probablement une jolie élégie mortuaire. Gus Van Sant met de la poésie partout (et aussi de la musique, mais c’est un autre problème), habille ses héros de costumes d’un autre temps (les scanners médicaux existent mais pas les jeans de toute évidence) afin de souligner que le temps n’a plus prise sur ses deux héros maudits mais amoureux, et surtout, il demande à ses deux acteurs de jouer mignon. De faire en sorte que chaque mot et chaque dialogue aient l’air définitifs et éminemment sensés. Mia Wasikowska sourit et s’amuse des petites choses, car, vous savez, elle n’a pas peur de partir. Henry Hopper, lui, est habité par un lourd passé et ne cesse de questionner la mort, de s’y repaître, de la profaner, parce que, vous savez, il est torturé. Et le manque total d’enjeu est censé être un atout pour ce film à l’ambiance évanescente très calculée, et non un problème. Malheureusement, c’en est un. Et ce n’est pas parce qu’il y a deux ou trois jolies choses ici et là dans ce RESTLESS (avouons-le, tout n’est pas si décevant) qu’on courbe l’échine face au terrorisme émotionnel de son sujet. Ce dernier n’étant que perpétuellement desservi par le maniérisme ambiant.

Restless, de Gus Van Sant. Avec Mia Wasikowska, Henry Hopper, Ryō Kase. 1h35. Prochainement

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