HANNA : chronique

05-07-2011 - 18:00 - Par

Après des drames classiques, d’ORGUEIL ET PRÉJUGÉS au SOLISTE en passant par REVIENS-MOI, Joe Wright se lance dans le film d’action. Un coup dans l’eau.

Hanna, 16 ans, vit dans le Grand Nord avec son père Erik, ancien agent de la CIA, qui lui a appris toutes les techniques de survie et de combat possibles. Pour la préparer à quoi ? Mystère. Désireuse de sortir enfin de son isolement, Hanna précipite un jour la mission pour laquelle son père la forme depuis son enfance et se lance dans une quête de vengeance sanglante qui la mène au Maghreb, en Espagne, puis en Allemagne. Son adversaire ? Marissa Wiegler, agente de la CIA qui n’a qu’un but : éliminer l’adolescente.

Prenez une ado aussi déterminée que la Mathilda de LEON, et faites-en une Jason Bourne en puissance. Avec un tel pitch, et après des bandes-annonces formidables d’étrangeté, on attendait HANNA sur le pied de guerre. D’autant qu’à la baguette, on trouvait un réalisateur peu habitué au genre actioner : Joe Wright, plus connu pour les drames en costumes que sont les délicats ORGUEIL ET PRÉJUGÉS ou REVIENS-MOI. Le projet affichait donc suffisamment de promesses sur le papier pour sortir des sentiers battus. Et c’est le cas, en partie. Le premier acte du film, qui suit Hanna (Saoirse Ronan) et son père Erik (Eric Bana), installe une ambiance lourde et envoûtante, qui promet un long-métrage peu courant, où la psychologie trouble des personnages sert véritablement de catalyseur à l’action. On suit donc la jeune Hanna avec passion, jusqu’à son premier fait d’arme : capturée par la CIA, elle se joue de tous les systèmes de sécurité pour s’en sortir. Entre baston furieuse et assassinat de sang froid, Joe Wright nous prend par le col dans des chorégraphies soignées et d’autant plus emballantes qu’elles sont rythmées par la remarquable bande-son des Chemical Brothers.

Puis c’est l’effondrement : HANNA sombre peu à peu dans le grand n’importe quoi. À trop vouloir intellectualiser son propos, Joe Wright finit par baigner le film de psychologie de comptoir, et de scènes à la limite du ridicule et de l’incohérence la plus élémentaire. On suit ainsi Hanna au Maroc, qui en ersatz de Jacquouille la Fripouille flippe devant un interrupteur et une télé, mais sait parfaitement se servir de Google pour retrouver un ennemi… Les aventures de la petite tueuse à gages se veulent profondes et initiatiques, elles ne sont qu’accumulation de clichés servis par des personnages aussi monolithiques que dans n’importe quelle production lambda. Mais il y a pire. Histoire de bien nous faire comprendre qu’il tente ici de réaliser un conte de fées moderne et déviant, Joe Wright multiplie les citations lourdaudes à Grimm, en un symbolisme appuyé qui frise l’erreur de débutant. Alors face au manque de rythme de l’ensemble, on aimerait pouvoir se raccrocher aux acteurs. Mais la distribution d’HANNA n’offre qu’apathie  – Eric Bana convaincant seulement lors des bastons – et hilarité – Cate Blanchett, sans doute l’une des comédiennes les plus outrancières du monde. Heureusement, la formidable Saoirse Ronan, véritable petite boule d’énergie et de subtilité, sauve la barque. Sans elle, HANNA aurait confirmé encore plus lourdement l’adage selon lequel réaliser un film d’action, c’est un métier.

Hanna, de Joe Wright. Avec Saoirse Ronan, Cate Blanchett, Eric Bana. Sortie le 6 juillet.

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