IL N’EST JAMAIS TROP TARD : chronique

05-07-2011 - 19:43 - Par

Quinze ans après THAT THING YOU DO ! Tom Hanks revient à la réalisation pour une coming of age story inversée : cette fois, celui qui trouve son identité a 50 piges.

Pas facile de subir un licenciement quand on s’est investi dans un boulot pourtant peu emballant. Et qu’on a la cinquantaine. C’est ce que va connaître Larry Crowne qui, pour se relancer, décide de retourner à la fac. Là, il rencontre la jeune et jolie Talia, qui lui redonne confiance. Mais surtout, Larry y suit un cours d’éloquence qui va changer sa vie. Tant pour son contenu que pour la prof qui le donne, Mercedes Tainot, quadra légèrement alcoolo et ignorée par son mari.

Pour parvenir à saisir toutes les qualités d’IL N’EST JAMAIS TROP TARD (titre ô combien rebutant / LARRY CROWNE en VO), il faut en évacuer en premier lieu tous les gros défauts. Tom Hanks, bien qu’il ait joué pour des cinéastes aussi doués que Steven Spielberg, Robert Zemeckis ou Ron Howard, n’a ici aucune ambition stylistique. IL N’EST JAMAIS TROP TARD se contente donc d’une mise en scène fonctionnelle, discrète, d’aucuns diront inexistante. Certes. On pourrait même dire que par moment, IL N’EST JAMAIS TROP TARD se vautre dans un mauvais goût tout droit sorti des années 80. On en prend pour preuve la bande-son, les génériques de début et de fin, ou la photographie passe partout, véritables leçons de tout ce qu’il ne faut pas faire. À ce titre, le deuxième film d’Hanks tranche avec THAT THING YOU DO ! son premier opus sorti en 1996 qui, sans être un précis d’esthétisme, affichait une direction artistique soignée et une photo de très belle qualité.

L’exploit d’IL N’EST JAMAIS TROP TARD ? Parvenir à surmonter ses atours de téléfilm pour nous livrer un récit plutôt emballant, à défaut d’être original. Le scénario, déroulé de tous les passages obligés de la comédie romantique, offre néanmoins quelques jolies surprises. À commencer par une identité forte et sincère, immédiatement assimilable à l’image que l’on a de Tom Hanks. Drôle, IL N’EST JAMAIS TROP TARD l’est souvent. Mais surtout, il l’est sans fanfaronnade, entre dialogues grinçants – sur le libéralisme notamment –, personnages frontalement désagréables – Bryan Cranston en mari amateur de porno internet –, seconds rôles ubuesques – George Takei en prof d’éco mégalo – et situations décalées – Hanks devient membre d’une bande de fondus du scooter. Cette coolitude californienne rend IL N’EST JAMAIS TROP TARD profondément sympathique et surtout extrêmement touchant.

Hanks, en quinqua optimiste malgré l’adversité, livre même une de ses performances récentes les plus subtiles. Là où il aurait pu tomber dans le Forrest Gump sénior, il joue la carte du James Stewart moderne, avec une classe, une tendresse communicative et un flegme qui forcent l’admiration. Si bien que l’on aura beau avoir vu ça des dizaines de fois, parfois en mieux, souvent en moins bien, on ne peut s’empêcher d’entrer en empathie avec son héros, et réclamer qu’à la fin, il réussisse sa reconversion et emballe la fille. Surtout quand celle-ci est incarnée par une Julia Roberts qu’on n’avait pas vue aussi enthousiasmante et engagée depuis… depuis quand déjà ? En prof alcoolo et désabusée, elle effrite quelque peu sa carcasse d’étoile intouchable et prouve qu’à 43 ans et après quelques films aussi agaçants qu’inintéressants (MANGE PRIE AIME, VALENTINE’S DAY…), elle conserve tout le peps et le talent qui ont fait d’elle une star. On ressort de la salle le cœur léger, en étant convaincu qu’IL N’EST JAMAIS TROP TARD n’est ni un grand film, ni une œuvre indispensable, mais qu’il n’avait absolument pas le désir de l’être. Une absence d’ambition et de cynisme qui en fait un spectacle rafraîchissant, charmant et au final, extrêmement élégant.

Il n’est jamais trop tard, de Tom Hanks. Avec Tom Hanks, Julia Roberts, Gugu MBatha Raw, Wilmer Valderrama. Sortie le 6 juillet.

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