SUPER 8 : chronique

03-08-2011 - 08:00 - Par

J.J. Abrams, cocréateur de LOST et réalisateur de STAR TREK, plonge dans ses souvenirs d’enfance, convoque le cinéma de Steven Spielberg et signe un film de science-fiction très personnel.

Une petite ville de l’Ohio. Courant 1979. Un garçon. En costume noir. Sur une balançoire. Qui ne bouge ni ne grince. Une femme s’inquiète depuis une fenêtre. Un homme se gare, désemparé. Il entre dans une maison et en ressort menottes aux poignets. Le policier qui le suit et le contraint lève les yeux. Vers ce garçon, en costume noir, sur la balançoire. Son fils, Joe Lamb… un agneau jeté hors de la bergerie de l’enfance. Sa mère est morte. Ellipse. Quatre mois plus tard. Joe, apathique, discute avec son meilleur ami, Charles. Celui-ci espère terminer son film tourné en Super 8 et le présenter à un festival. Avec une bande de copains et un joli brin de fille prénommé Alice, ils se retrouvent le soir même, aux abords de la voie ferrée. Action. Un train surgit à pleine vitesse, déraille, explose, vole au vent et laisse s’échapper… un rôdeur à grandes pattes poursuivi par l’armée. En dévoiler davantage sur la composante surnaturelle de SUPER 8 n’avancerait à rien. Pire, ce serait faire fausse route. Si J.J. Abrams (M:I3, STAR TREK) a effectivement réalisé un film de science-fiction, il a souhaité revenir aux racines du genre. À savoir, utiliser un élément fantastique (et escamotable) susceptible de parler au plus grand nombre pour mieux traiter de la complexité de l’âme humaine. Comme Steven Spielberg avec E.T. ou RENCONTRES DU TROISIÈME TYPE. « Ça tombe bien ! », pourrait-on dire, étant donné que le cinéaste produit SUPER 8. D’ailleurs, la filiation Spielberg/Abrams est ici visible comme le nez au milieu du visage – que ce soit en termes de composition des plans, de lumière, de découpage des séquences ou de musique –, et il n’a pas fallu longtemps pour que divers critiques prononcent les mots « pastiche » et « copie carbone ». Pourtant, J.J. n’a jamais voulu plagier l’œuvre de son mentor, mais plutôt se souvenir des belles choses. Du cinéma de son enfance, envisagé, trente ans plus tard, comme une catharsis, et dans lequel Spielberg tient, oui, une place prépondérante. Quand on aime le 7e art et qu’on naît en 1966 à New York, peut-il en être autrement ? Et puis, SUPER 8 – dont le climat nostalgique et le casting génial nous font surtout penser à STAND BY ME – reste un film très personnel dans les thèmes abordés. Abrams a de la suite dans les idées et, depuis ses débuts, il nourrit un vif intérêt pour tout ce qui a trait au don de soi, à la difficile acceptation de l’autre, à la séparation des êtres, à la famille et à la figure paternelle (citons pêle-mêle STAR TREK, les scénarios d’À PROPOS D’HENRY et ARMAGEDDON ou les séries ALIAS et LOST). Des notions qui, entourées de beaucoup de poésie et d’un peu d’action, donnent autant à réfléchir qu’à ressentir. Et offrent au cinéphile ému un tour en grand huit. Pardon, en SUPER 8.

De J.J. Abrams. Avec Joel Courtney, Elle Fanning, Kyle Chandler. Sortie le 3 août.

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