GREEN LANTERN : chronique

07-08-2011 - 11:10 - Par

DC Comics ouvre son catalogue au-delà des traditionnels Batman et Superman, et nous présente un super-héros aussi cool qu’old school. Avec un Ryan Reynolds délicieusement laid back.

Hal Jordan est un pilote d’essai légèrement fou fou, casse cou et doué, qui officie pour le compte de Ferris Air. Lors du test d’un nouvel avion prototype, il viole tout protocole avec diverses acrobaties, et prouve les limites de l’appareil. Un moment de bravoure qui rend furieuse sa patronne et amour d’enfance, Carol Ferris. Quelques jours plus tard, un extraterrestre s’écrase sur Terre : c’est un Green Lantern, un policier de l’espace, dont les pouvoirs viennent d’une bague permettant de convoquer l’énergie de l’univers. Mourant, l’alien nommé Abin Sur ordonne à sa bague de choisir son successeur. Elle se fixe sur Hal, qui apprend d’Abin Sur qu’il fait désormais partie des Green Lantern Corps, et qu’il doit prêter serment avant de s’entraîner. Incrédule, Hal s’exécute : il se retrouve bientôt sur la planète Oa, entouré des autres Green Lantern, et apprend à maîtriser ses pouvoirs. Mais sur Terre, le scientifique Hector Hammond se voit contaminé par une entité maléfique responsable de la mort d’Abin Sur, Parallax, qui s’est juré de détruire les Green Lantern… Hal va devoir surmonter ses démons pour prouver sa valeur, sauver les Corps, la Terre, et reconquérir l’amour de Carol.

Avec GREEN LANTERN, Warner marchait sur une corde raide : faire découvrir au monde entier un héros très connu aux Etats-Unis et moins ailleurs. Et surtout, prouver que son catalogue n’est pas uniquement constitué des éternels Batman et Superman. Pour cela, la major a engagé Martin Campbell (CASINO ROYALE), qui signe un opus d’une efficacité indéniable. Car le comic book pouvait laisser craindre un univers croquignolet, entre planètes extraterrestres flashy et monstres en tout genre dignes du bestiaire de STAR TREK. La première bonne nouvelle, c’est que visuellement, GREEN LANTERN n’a absolument rien à voir avec tous ses comparses du genre super-héroïque et se dote d’une vraie identité. Cela pourrait sembler bête à dire, mais avec ses airs de space opera, ses contrées lointaines et ses aliens divers et variés, GREEN LANTERN affiche une grande cohérence esthétique. Alors oui, il faut aimer les couleurs criardes, les character design un peu fous, et ne pas nécessairement rechercher la sobriété. Car GREEN LANTERN, déjà sur papier, affiche un univers bien plus extrême que tous ses petits camarades. Que le film parvienne à nous le faire accepter est déjà un exploit. Mais qu’en plus, on finisse par oublier le côté potentiellement carnaval de la chose pour voir ici un véritable monde se créer sous nos yeux s’avère hautement rafraîchissant. Combien de blockbusters parviennent à se doter d’une véritable personnalité, sans rechercher l’unanimité ou la tiédeur esthétique ? Et surtout, à l’heure des films produits à la hâte, combien d’entre eux, tournés à 80% devant des fonds verts (ou bleus ici) affichent des effets spéciaux quasi parfaits ?

Au-delà, GREEN LANTERN se dévoile à nous comme nombre de super-héros : via une origin story. Et si l’on accroche immédiatement au film, c’est en grande partie grâce au personnage d’Hal Jordan. Beau gosse et rigolard, mais non dénué de traumas, le héros de GREEN LANTERN est intéressant sur bien des points. Témoin de la mort de son père quand il était enfant, il s’est depuis créé une carapace qui le fait passer pour une tête brûlée. Quand au plus profond, Jordan est en fait régi par la peur et un grand mépris de lui-même. Voilà donc le nœud principal de GREEN LANTERN : de grands pouvoirs n’impliquent pas seulement de grandes responsabilités, mais aussi une quête personnelle qui mènera Hal à découvrir qui il peut être. Qui il est vraiment. Ces enjeux, certes simples, permettent au film d’afficher un récit linéaire et frontal, auquel le spectateur s’identifie immédiatement. Car GREEN LANTERN fait appel au grand gamin qui est en chacun de nous. Celui qui a huit piges voulait jouer à être Luke Skywalker et Han Solo dans la cour de l’école, qui s’imaginait en Hulk après des après-midi télé devant la série avec Lou Ferigno, ou espérait un jour sauver la jolie fille de l’école en se déguisant en Homme Araignée. Rien de fondamental en soi, rien qui n’arrive à la cheville d’un DARK KNIGHT évidemment, mais qui ravive tout de même cet élan assez euphorisant de l’enfance rêveuse, où tout est possible. Surtout que Ryan Reynolds, aussi ironiquement laid-back que charismatique, interprète un Hal Jordan hautement complice avec le public, qui partage avec lui son incrédulité face à l’univers dément des Green Lantern Corps. Cette ambiance old school, honnête dans son traitement de l’héroïsme, gentiment manichéenne dans sa vision du Bien et du Mal, enfantine et dénuée de tout cynisme, nous rappelle vaguement le traitement qu’avait apporté Sam Raimi à son premier SPIDER-MAN.

Alors oui, GREEN LANTERN n’est pas exempt de tout défaut : la relation qui unit Hal Jordan à Carol Ferris n’est sans doute pas assez fouillée, et finit par handicaper le récit, là où la romance entre Peter Parker et Mary-Jane était le moteur rugissant de la bouleversante saga SPIDER-MAN. On pourra aussi démontrer que l’un des méchants de GREEN LANTERN, Hector Hammond, apparaît plus comme un pion que comme un véritable acteur du récit. Et enfin, on pourra regretter que le climax du film soit trop court, alors que le film avait bâti avec soin, et sans se presser, un solide édifice pouvant mener à un moment de bravoure dantesque. Mais au final, GREEN LANTERN, film d’aventure au héros lumineux, se pose en spectacle enthousiasmant et profondément attachant. On en redemande. Et on espère que la saga saura dans le futur rester un divertissement refusant la carte si facile de la dérision ou du cynisme, et de la noirceur à tout prix. Être sérieux sans se prendre au sérieux, en somme.

De Martin Campbell. Avec Ryan Reynolds, Mark Strong, Blake Lively. Sortie le 10 août.

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