CAPTAIN AMERICA – THE FIRST AVENGER : Chronique

07-08-2011 - 12:50 - Par

Marvel commande la genèse du Cap’ à Joe Johnston, réalisateur de WOLFMAN. Les défauts sont à la hauteur des qualités.


Steve Rogers est un battant. Mais cela fait des semaines et des semaines qu’il est recalé par l’armée, pour défauts d’aptitudes physiques. Pourtant, il aimerait aller au front, avec son pote Bucky, tataner du nazi. Mais alors qu’il s’apprête à être réformé une énième fois, un scientifique voit en lui du potentiel. Rogers est un entêté, un enragé que l’armée pourrait exploiter pour ses valeurs morales. Des valeurs qui lui offriront encore mieux : être le premier cobaye d’une grande expérience et devenir un super-soldat, Captain America.

Voilà pour la genèse du Cap’. Rogers, c’est un bon gars, un type auquel on s’identifie immédiatement, un gringalet que la vie n’a pas gâté et que les préjugés empêchent de s’accomplir. À l’écran, Chris Evans bénéficie alors de cet effet spécial impressionnant, déjà utilisé pour BENJAMIN BUTTON, et qui fait de lui un petit spaghetti absolument charmant dont on pincerait bien la joue en lui demandant de rentrer chez sa mère. Alors, Steve Rogers devient paradoxalement un héros à part entière par ses grandes valeurs et son courage. Mais pas encore le CAPTAIN AMERICA qui sauvera le Monde d’un nazi à la tête de l’organisation HYDRA. Sous le coup d’un sérum encore expérimental, ce dernier est devenu Red Skull, un monstre de la science aux envies hégémoniques. L’exposition de CAPTAIN AMERICA est parfaite. Les enjeux sont posés au fil d’une écriture solide. Les scènes d’entraînement de Rogers, où il donne souvent la réplique aux immenses Stanley Tucci et Tommy Lee Jones, sont de grands moments de cinéma, grâce à des dialogues de roublards et une naïveté magnifique. Lorsque le Cap’ est exploité comme une machine de communication par le gouvernement américain, le film est simplement magnifique, visuellement mais aussi dans son attaque acerbe de la propagande guerrière.
Le bât commence à blesser dès lors que Steve Rogers devient le Cap’. Nous montre-t-on ses « pouvoirs », sa super-endurance, sa super-force, son super-courage ? Autrement que dans une scène de poursuite à pied croquignolette, s’entend ? Autrement qu’en une séquence musicale expéditive ? Pas vraiment… Doit-on faire une croix sur une impression de danger dès lors qu’il revêt son costume et acquiert son bouclier en vibranium ? Doit-on simplement être témoin des exploits de cet invincible ? Doit-on se contenter d’accepter le héros et oublier l’homme derrière le masque ? Pas si l’on croit dur comme fer que Captain America doit être plus qu’une machine à gagner. Bien sûr, une fois n’est pas coutume, l’histoire d’amour qui l’unit à Peggy Carter (Hayley Atwell) est absolument brillante, d’une délicatesse qui est extrêmement rare dans les films de super-héros et qui est au cœur du dénouement magnifique et Armageddonesque de CAPTAIN AMERICA. Encore mieux, contrairement à ses confrères, le film ne cherche pas à s’inscrire désespérément dans LES AVENGERS (merci au contexte historique peu propice à ce défaut si évident dans IRON MAN 2, par exemple) et ainsi le Cap’ devient un héros à part entière dans la filmo de Marvel.

Mais si l’on devait scinder le film, en deux phases (pré-transformation, post-transformation) alors la deuxième ne vaudrait pas un rond face à la première. Et il n’y a que les rares fois où Steve Rogers émerge du Cap’ dans une poignée dérisoire de scènes dramatiques où l’on touche du doigt le mythe. Plus ennuyeux, le schéma se reproduit pour les effets spéciaux. Dès lors que CAPTAIN AMERICA se fait film d’action, alors pas une seule incrustation sur fond vert (effet plutôt trivial) n’est réussie quand d’autres types de SFX sont absolument prodigieux. Il est vraiment étrange de voir un film si réussi dans le drame et si décevant dans son potentiel spectaculaire. Et par potentiel spectaculaire, on ne parle pas de son production design irréprochable ou de ses combats chorégraphiés au poil. On parle de ce petit plus qui aurait pu nous galvaniser.

De Joe Johnston. USA. Avec Chris Evans, Tommy Lee Jones, Hayley Atwell. 2h10. Sortie le 17 août

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