NEDS : chronique

31-08-2011 - 10:57 - Par

Huit ans après THE MAGDALENE SISTERS, Peter Mullan revient derrière la caméra pour une chronique sociale époustouflante.

Peut-on être le frère d’une petite frappe, le fils d’un alcoolique et échapper à son destin tout tracé chez les prolos ? Peut-on transcender sa condition sociale ou sera-t-on toute sa vie victime de son environnement ? Telles sont les questions que pose Peter Mullan dans son troisième film, successeur des gros morceaux ORPHANS ou THE MAGDALENE SISTERS. Aussi bon soit-il devant la caméra (TRAINSPOTTING, RED RIDING TRILOGY, HARRY POTTER 7), on ne peut s’empêcher de l’admirer plus encore derrière. La discrétion de sa mise en scène, l’évidente intelligence de sa direction d’acteurs, sa photo de caractère font de son cinéma 100% briton une petite merveille. Mais c’est peut-être pour son histoire poignante que NEDS est une grosse claque… Les années 70. John McGill est un pré-ado plutôt très bon à l’école et c’est à souligner car, à la maison, ça bibine et ça se met sur la tronche. Pourtant, ce contexte familial le pousse à travailler toujours plus, constamment, au point d’être le gros con de premier de la classe. Mais quand une petite frappe du coin menace de lui péter la face lorsqu’il passera au collège, John fait appel au gang de son frère pour lui casser la gueule. Voici comment ce petit intello va apprendre que, la violence, ça peut servir pour se faire respecter… Malheureusement, être une frappe de cité de Glasgow, un NEDS (Non Educated DeliquentS), n’est que peu compatible avec un brillant avenir. Appelons ça une « coming of age story », une chronique d’apprentissage de l’âge adulte, loin des comédies de potes que cuisinent les Américains avec une recette faite d’amitié et/ou de sexe et/ou d’amour… On baigne ici dans un tel désœuvrement que tout est question de rapports de force animaux, de confrontations physiques, d’esprit de domination et de loi du Talion. Une violence adolescente nourrie par l’ennui, la colère et la peur (cela sonne toujours extrêmement juste à notre époque) et dont les adultes (ici impuissants et résignés face à leur condition sociale) ont à peine conscience. Parce que NEDS, malgré sa tourmente dépressive, est un film plein d’espoir, il statue aussi qu’il vaut mieux être un enragé qu’un rebelle qui ne revendique rien. Pour servir le propos, Conor McCarron, acteur débutant, livre une prestation électrique. Il faut dire que Mullan lui offre des scènes spectaculaires pour lesquelles il l’exhorte à hanter comme un lion en cage presque fou ces quelques kilomètres carrés de banlieue merdique. En tout point impressionnant.

De Peter Mullan. Avec Connor McCarron, Peter Mullan. Sortie le 31 août.

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