Jerry Bruckheimer s’explique sur l’affaire LONE RANGER

20-10-2011 - 08:55 - Par

Et ses explications révèlent un rapport à l’argent particulièrement tordu à Hollywood.

Pour vous résumer l’affaire LONE RANGER, on va y aller dans l’ordre : d’abord, LONE RANGER est une adaptation d’une très ancienne série radiophonique et télévisée qui s’intéresse à un justicier à cheval et à son sidekick, Tonto. Les deux arpentent le Grand Ouest pour corriger le brigand. Ensuite, dans le rôle du cavalier masqué, Disney a engagé Armie Hammer et dans celui de Tonto, ce sera Johnny Depp, intimement impliqué sur le projet. Gore Verbinsky – réalisateur des trois premiers PIRATES DES CARAÏBES et de RANGO – est à la réalisation et Jerry Bruckheimer est à la production. Pour faire court, le scénario était budgété à quelque chose comme 260 millions de dollars. Bien trop pour Disney, effrayé des mauvais résultats au box-office de COWBOYS ET ENVAHISSEURS (Paramount), mêlant western et SF. Après qu’on a raboté le script, enlevé d’onéreuses scènes par ci, corrigeant deux trois trucs par là, Bruckheimer, Depp et Verbinski ont consenti à des coupes dans leurs salaires afin que le film puisse se faire… Le budget étant aujourd’hui estimé à 215 millions de dollars, Disney a décidé de donner le feu vert et a daté le film à mai 2013.

C’est dans les pages du Hollywood Reporter que Jerry Bruckheimer a décidé de revenir sur cette histoire, dont la presse a fait ses choux gras pendant plusieurs semaines. Morceaux choisis :
« Nous avions un scénario en work in progress. En évolution. On a commencé les repérages, et c’est comme si on regardait le menu en se disant : « Tous les desserts me font envie. Je les veux tous ». Vous arrivez à un montant et les gens qui paient disent : « on ne peut pas s’offrir ça ». Alors vous coupez. Disney voulait qu’on coupe jusqu’à ce qu’on atteigne le montant que le patron voulait. Ils avaient imposé une deadline, le 12 août, pour qu’on leur soumette un budget et nous n’y sommes pas parvenus. (…) Nous n’avions pas assez de temps et nous leur avons dit que nous ne pouvions pas atteindre ce montant dans les temps. Alors ils ont répondu « nous arrêtons l’hémorragie. » On a bien compris ce qu’ils étaient en train de faire mais nous, nous voulions continuer à travailler. »
Alors comment sont-ils tous parvenus à un compromis, peut-on légitimement se demander ? Eh bien Bruckheimer a une réponse des plus simples et des plus surprenantes : « Nous avons refait le plan de travail. (…) Si nous avions une scène impliquant des dizaines de figurants et que le lendemain, nous ne tournions qu’avec Tonto et le Lone Ranger, nous avions ces figurants, et toute l’équipe qui s’en occupe, en stand by. Alors nous avons regroupé les scènes de foule d’un côté, pour pouvoir libérer les équipes [lorsqu’elles ne travaillent pas]. Ca fait quand même 150 personnes. Ce n’est pas tant les figurants que les gens qui les habillent, les maquillent… Puis de l’autre côté, nous avons regroupé les scènes où seuls Tonto et le Lone Ranger apparaissent pour que l’équipe soit plus petite. Ainsi, nous avons économisé 10 millions de dollars ».

Loin de nous l’idée de faire les marioles ou de remettre en question les compétences des équipes techniques de Bruckheimer (on pense sincèrement que le monsieur n’a plus grand chose à prouver), mais n’est-ce pas là le principe d’un plan de travail ? L’efficacité ? Étrange de constater que l’un des plus gros producteurs hollywoodiens a l’impression d’avoir eu l’idée de l’année en faisant simplement preuve de bon sens. Ne pas bloquer les figurants, les pôles maquillage et costumes, alors qu’ils n’ont rien à faire mais qu’il faut les payer quand même, ça c’est vraiment une marque de génie. On imagine bien que Bruckheimer n’a pas eu à faire d’économie depuis bien longtemps et qu’il n’a jamais été à quelques millions près, mais là… Avec une telle logique, on est quasiment sûr qu’il y a encore 1 ou 2 millions de dollars à sauver par ci par là. Si ce n’est 10 ou 20.

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