LES MARCHES DU POUVOIR : chronique

26-10-2011 - 11:02 - Par

George Clooney continue son observation acérée de la démocratie politique avec un thriller humain et efficace, où Ryan Gosling excelle. Oui, encore.

Voilà six ans, George Clooney faisait définitivement oublier son passé de star télé sexy pour ménagères dans URGENCES avec son deuxième film de réalisateur, GOOD NIGHT, AND GOOD LUCK. Un petit bijou frontal dans son récit et d’une rare intelligence, où il mettait subtilement en accusation les médias américains (mais pas que) pour leur traitement partisan du 11-Septembre et de ses conséquences. Après un passage plutôt réussi et charmant par la screwball comedy avec JEUX DE DUPES, il revient de nouveau enragé comme un chien fou avec LES MARCHES DU POUVOIR. Stephen Meyers (Ryan Gosling), à peine 30 ans, est l’un des meilleurs conseillers de campagne et travaille pour le gouverneur Morris (George Clooney), candidat aux primaires démocrates pour les prochaines présidentielles. Stephen, qui voit en Morris un homme bon quasi providentiel, va vite déchanter quand il se frotte pour la première fois aux vrais arcanes de la politique… Admirons la limpidité de ce pitch, là où n’importe quel film politique peut vite dégénérer en pensum prétexte et faussement complexe. Ici, Clooney livre avant tout un thriller, comme les années 70 savaient en produire à la pelle, des HOMMES DU PRÉSIDENT aux TROIS JOURS DU CONDOR, en passant par À CAUSE D’UN ASSASSINAT. Tout comme avec GOOD NIGHT, AND GOOD LUCK, il bâtit donc son film sur de véritables nœuds dramatiques accessibles à tous, et formant un récit linéaire – condensé sur 95 minutes – et ultra efficace, desquels découle un propos plus particulier que général. Ne cherchant donc pas à dérouler un message théorique sur la politique (on le remercie), Clooney observe avant tout les destins d’êtres humains détruits par un microcosme impitoyable, à la manière d’un autre indispensable du mois, le français L’EXERCICE DE L’ÉTAT. Ces deux longs-métrages partagent ce regard acéré rejetant tout manichéisme, et la même conclusion : peu importe les idéologies, aussi louables soient-elles, l’exercice du pouvoir ou sa conquête impliquent de se salir les mains et de trahir ses principes. Rien de fondamental en soi, ni de révolutionnaire. Mais LES MARCHES DU POUVOIR l’assène avec tant de conviction dépourvue de toute illusion, d’élan cinématographique, via des acteurs au charisme absolument dévorant (Gosling, Seymour Hoffman, Giamatti, Tomei…) qu’il en devient un pur moment de cinéma dont il est difficile de décrocher.

De George Clooney. Avec Ryan Gosling, George Clooney, Paul Giamatti, Philip Seymour Hoffman, Marisa Tomei, Evan Rachel Wood. Sortie le 26 octobre

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