CONTAGION : chronique

09-11-2011 - 16:21 - Par

Plus fort que Roselyne Bachelot période H1N1, Steven Soderbergh nous fout grave les chocottes avec un film de virus étouffant de réalisme.

Un virus de la grippe mortel se répand comme une traînée de poudre autour du monde. Aux États-Unis, un professeur du Center for Disease Control (Laurence Fishburne) organise les quarantaines, et dépêche une doctoresse (Kate Winslet) sur le terrain. Parallèlement, une épidémiologiste de l’OMS (Marion Cotillard) enquête sur le foyer en Asie, un père de famille américain (Matt Damon) tente de protéger sa fille et un blogueur (Jude Law) dénonce ce qu’il pense être une conspiration… On avait eu les zombies vénères de 28 JOURS PLUS TARD, les singes peu hygiéniques d’ALERTE !, les ados paranos d’INFECTÉS, le mal alien du MYSTÈRE ANDROMÈDE, et on en passe. Mais à côté de CONTAGION, tous les films de virus font pâle figure : Steven Soderbergh opte pour un traitement d’une crédibilité glaçante, plus proche d’un reportage que d’un blockbuster catastrophe, ce qui rend CONTAGION froid comme la mort, et clinique comme un rapport d’enquête. Car quand Soderbergh décide de la jouer réaliste, il n’y va pas par quatre chemins. Quitte à éliminer sans sommation certaines des stars de son casting comme s’il s’agissait de vulgaires figurants, et jouer salement avec les codes du genre. Ne pas s’attendre à découvrir le moindre héros dans CONTAGION, donc. Bien sûr, on trouve au centre du récit une bande de scientifiques qui cherchent à trouver un vaccin, mais le regard du cinéaste évite savamment le spectaculaire. Il préfère s’attarder sur la psychologie d’êtres humains lambda – peu importe leur position –, et délivre ainsi quelques portraits croisés d’une densité poignante, dont émergent surtout les interprétations de Matt Damon, Laurence Fishburne et Kate Winslet, qui portent le film avec une simplicité rare et permettent une identification maximum. On sera moins tendre avec les personnages de Marion Cotillard et Jude Law, l’une inutile, l’autre trop détestable. Mais grâce à cette galerie hétéroclite, Steven Soderbergh peut disséquer les rouages d’une pandémie : on imagine que si le SRAS ou le virus H1N1 avaient été plus agressifs, la situation n’aurait pas été tellement différente. Devant autant d’horreurs – les charniers de victimes, les émeutes de survivants, l’impuissance des autorités… – impossible de prendre vraiment du plaisir. CONTAGION en devient d’autant plus oppressant et fascinant.

De Steven Soderbergh. Avec Matt Damon, Kate Winslet, Laurence Fishburne, Jude Law. Sortie le 9 novembre

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