LE CASSE DE CENTRAL PARK : chronique

23-11-2011 - 11:00 - Par

Après la SF dans SUPER 8 ou l’actioner dans EXPENDABLES, la nostalgie pour les années 80 contamine la comédie, avec ce plaisir coupable totalement vain.

Josh Kovacs (Ben Stiller) est manager d’une luxueuse tour new-yorkaise. Il apprend que son plus riche pensionnaire, Arthur Shaw (Alan Alda), à qui il a confié la gestion de sa pension de retraite et celle de tous ses collègues, est en fait un escroc boursicoteur qui a dilapidé toutes leurs économies. Pour se venger, il décide de braquer Shaw avec l’aide de son beau-frère (Casey Affleck), un ancien financier fauché (Matthew Broderick) et un ami d’enfance délinquant (Eddie Murphy). Ne pas se fier au pitch du CASSE DE CENTRAL PARK : mis à part la référence évidente à Bernie Madoff et à la crise des subprimes, le nouveau film de Brett Ratner n’a rien d’une satire du libéralisme. Ou du moins, n’a pas suffisamment d’armes pour prétendre l’être. Depuis quinze ans, la comédie américaine a connu une réelle transformation. S’il subsiste toujours des produits de bas étage, comme les parodies produites ad nauseam (les SUPER HERO MOVIE et autres SCARY MOVIE), elle a été peu à peu investie par des penseurs racés, qu’il s’agisse des Farrelly, de Todd Phillips ou de l’écurie Apatow, qui ont déconstruit le genre pour cacher mélancolie et émotions à fleur de peau derrière un bon gros morceau de connerie. Dans ce paysage, LE CASSE DE CENTRAL PARK apparaît comme un ovni totalement obsolète. Ici, pas de contenu sexuel ou scato trop marqué. Pas de réflexion trop poussée. Pas de mise en abyme. Brett Ratner dirige avant tout un spectacle familial, entièrement concentré sur son désir d’efficacité. Ce qui rapproche LE CASSE DE CENTRAL PARK davantage des films de John Landis ou Harold Ramis (toutes proportions gardées), comme UN FAUTEUIL POUR DEUX ou BONJOUR LES VACANCES, sans toutefois avoir leur profondeur sarcastique. Ce qui n’empêche pas la chose d’afficher de très bonnes idées de mise en scène – dont une utilisation roublarde des ellipses – et d’excellentes performances d’acteurs, qu’il s’agisse de Ben Stiller ou d’Eddie Murphy, dans leur énième incarnation du gentil mec lambda et de la grande gueule extravertie. Ils se font toutefois voler la vedette par Casey Affleck et Matthew Broderick, qui débitent leurs dialogues avec une circonspection et un détachement hilarants. Leur élan, ajouté au charme suranné de l’ensemble, pose LE CASSE DE CENTRAL PARK en joli p’tit plaisir coupable et éphémère.

De Brett Ratner. Avec Ben Stiller, Eddie Murphy, Casey Affleck, Matthew Broderick. Sortie le 23 novembre

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