OR NOIR : chronique

23-11-2011 - 11:30 - Par

Après le bide SA MAJESTÉ MINOR, J.J. Annaud revient à ce qu’il fait le mieux : la fresque old school. Prenant et intelligent, malgré de gros défauts. 

Vaincu par l’émir Nessib (Antonio Banderas), Amar (Mark Strong) signe un traité de paix qui l’oblige à donner en otage ses deux fils, Saleh et Auda (Tahar Rahim). Les deux souverains décident aussi de ne plus réclamer la propriété d’une terre pour laquelle ils se déchiraient : le Corridor Jaune. Quinze ans plus tard, du pétrole y est découvert, et Nessib s’approprie les lieux, brisant ainsi l’accord passé avec Amar. Auda tente de réconcilier ses pères en faisant l’émissaire mais, se heurtant à leurs opinions inflexibles, va devoir prendre en main la situation… Avec OR NOIR, film d’aventure sur les répercussions de la découverte du pétrole dans la péninsule arabique, Jean-Jacques Annaud affiche des ambitions qui, a priori, apparaissent aussi passionnantes que risquées. Et le résultat se situe juste là, le cul fermement entre deux chaises. Mais parce que le réalisateur ne cherche jamais à faire son grand penseur, et vise avant tout un classicisme suranné et sincère, OR NOIR triomphe habilement de ses gros défauts. Ainsi, les dialogues définitifs (« Dieu déteste ces guerres que l’on mène en son nom », « Ensemble nous ne sommes tout, seuls nous sommes rien »…) sont vite oubliés devant l’acharnement louable du scénario à dynamiter tout manichéisme. OR NOIR ne présente ainsi aucun méchant, aucun gentil. Chaque point de vue, qu’il défende le modernisme ou la tradition, est observé avec finesse. Tout comme les conséquences géopolitiques de l’exploitation du pétrole par les Américains sont résumées avec malice, en une seule ligne claquante de texte. Le sentimen-talisme du film ou son histoire d’amour bancale sont submergés par la complexité des émotions qui unissent Auda, Amar et Nesib ; l’inter-prétation en roue libre de Banderas – un gros miscasting – se voit balayée par la beauté de celles de Rahim et Strong. Avec son talent de conteur qui le caractérise, Annaud parvient même à donner chair à des personnages secondaires croqués avec soin, tel Ali, demi-frère de Auda, ou Hassan, général d’Amar. Impossible donc de ne pas se laisser emporter par le souffle du récit, et de vouer au film une grande tendresse. Car OR NOIR a au moins le mérite d’essayer, quitte à trébucher. Le plus attachant étant qu’il trouve toujours la force de se relever.

De Jean-Jacques Annaud. Avec Tahar Rahim, Antonio Banderas, Mark Strong. Sortie le 23 novembre

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