MISSION : IMPOSSIBLE – PROTOCOLE FANTÔME : chronique

09-12-2011 - 09:59 - Par

Ethan Hunt est enfin de retour pour une quatrième aventure menée de main de maître par un Brad Bird aussi taquin qu’enthousiaste. Le feel good blockbuster de cette fin d’année.

Emprisonné en Russie pour des raisons que l’on ne révèlera pas, Ethan Hunt est libéré sorti de sa geôle par une mission spéciale menée par les agents Carter (Paula Patton) et Dunn (Simon Pegg). Le tout afin qu’Hunt dirige une opération à haut risque : récupérer des codes de lancement de missiles nucléaires dérobés par une assassine impitoyable, Moreau (Léa Seydoux), qu’elle compte revendre à un fanatique suédois, Hendricks (Michael Nyqvist). Mais un attentat au Kremlin est mis sur le dos de l’équipe d’Hunt et tout l’IMF se voit désavouée. C’est donc en renégats que Hunt, Carter, Dunn et le petit nouveau Brandt (Jeremy Renner) vont devoir s’innocenter et arrêter Hendricks. Plus de cinq ans après MISSION : IMPOSSIBLE 3, actioner vibrant mais inégal signé J.J. Abrams, la franchise revient. Le roi des geeks, resté producteur, passe cette fois la caméra à Brad Bird, le réalisateur de RATATOUILLE, LES INDESTRUCTIBLES et LE GÉANT DE FER, qui fait ici ses débuts en live action. La promesse était belle, tant le style survitaminé et racé de Bird semblait se prêter à merveille à l’univers MISSION : IMPOSSIBLE. Et à la vue de PROTOCOLE FANTÔME, on pourra remercier Abrams d’avoir engagé le cinéaste, tant il met un sacré coup de pied dans la fourmilière de la saga, et la réinvente avec un entrain communicatif. Car contrairement aux trois précédents opus dont Tom Cruise / Ethan Hunt était la star exclusive, et qui délaissaient le concept originel « d’équipe » de la série télé (en dépit d’un essai infructueux dans MI3), MISSION : IMPOSSIBLE 4 joue cette carte collective à fond.

Ici, les agents Carter, Dunn et Brandt ne font pas de la figuration, et leur rôle narratif est essentiel, permettant à Tom Cruise d’assumer d’autant plus son rôle de pilier vedette du film. En ne cannibalisant pas chaque plan, et en s’appuyant sur des personnages secondaires forts, Hunt n’en devient que plus intéressant, émouvant, et ses qualités de super-agents n’y apparaissent qu’avec plus de force. D’autant que Paula Patton en femme forte et sexy, Jeremy Renner en analyste au mystérieux passé et Simon Pegg en ex-techos passé agent de terrain fournissent des performances convaincues et alertes. Cette dynamique collective, animée par des personnages archétypaux – sans que cela soit péjoratif, car l’identification n’en est que plus facile –, donne à PROTOCOLE FANTÔME une allure luxueuse, où chaque rouage apporte son talent et son grain de sel à un spectacle assuré à chaque instant.

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Le but de PROTOCOLE FANTÔME n’est jamais de lorgner vers des sagas modernes (c’est toi qu’on regarde BOURNE) comme a pu le faire la franchise James Bond. Mais bien de délivrer un spectacle old school à la manière des films d’aventure ou d’action d’antan. Un rollercoaster imparable, qui déjoue par le fun son manque total de crédibilité (ben oui…) ou d’enjeu sur l’issue du récit (ben oui, ils gagnent à la fin, pardi). Et cette gageure, Brad Bird la remplit de la plus belle des façons : le scénario développe avec simplicité mais efficacité les émotions des héros, les moments de bravoure sont d’une intensité ahurissante – la scène sur la Burj Khalifa étant sans doute la cascade la plus impressionnante jamais vue sur grand écran –, la mise en scène est d’une fluidité rare même dans les bastons et poursuites les plus effrénés, et le ton adopté glisse avec joie vers une ironie des plus délicieuses. Les personnages n’hésitent ainsi jamais à brocarder gentiment l’énormité des situations qu’ils vivent, voire à souligner les éventuelles facilités de scénario, en une sorte de connivence faisant s’effondrer le Quatrième Mur. Cette complicité avec le public rend PROTOCOLE FANTÔME attachant comme peu de grosses machines hollywoodiennes actuelles, et avec ses atours assumés de cartoon, rappelle finalement plus l’euphorisante série ALIAS que ne le faisait MI3. Un vrai blockbuster au sens noble du terme, qui ne se prend jamais au sérieux, sans pour autant tenir son rôle de spectacle grand public avec désinvolture. Résultat : en 2h15 haut de gamme, Brad Bird réussit non seulement son passage au live action, mais signe aussi le meilleur film de la franchise depuis le premier volet. Chapeau bas.

De Brad Bird. Avec Tom Cruise, Jeremy Renner, Paula Patton, Simon Pegg. Sortie le 14 décembre.

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