MALVEILLANCE : chronique

28-12-2011 - 12:24 - Par

Avec MALVEILLANCE, Jaume Balagueró verse dans le thriller social et clinique. Glaçant !

Après avoir brillamment démonté les mécanismes de la peur dans REC et REC 2, en compagnie de son pote Paco Plaza, Jaume Balagueró s’offre une petite virée solo avec le bien-nommé MALVEILLANCE. Exit les zombies et autres spectres vindicatifs, le cinéaste s’attaque à un autre type de monstre, plus tangible cette fois. Aujourd’hui, le boogeyman moderne ne se cache plus sous un maquillage hideux, mais porte les guêtres de Monsieur Tout-le-monde. L’enfer, c’est les autres… Enfin, un autre ! En l’occurrence César, placide concierge dont l’existence est entièrement vouée à pourrir celles d’autrui sans se faire gauler ! Et pour peu que vous rentriez dans la catégorie « petite vieille » ou « bobo méprisant », sachez que ce gardien d’immeuble espagnol est du genre calculateur et vicieux. Encore plus si vous arborez le sourire ultra-bright de la belle Clara. Si le papa de DARKNESS s’éloigne du giron fantastique, c’est pour mieux nous surprendre avec un thriller aux résonances hitchcockiennes. Un changement de cap qui lui permet d’ancrer ses thèmes de prédilection (la transmission du mal, l’enfant martyr et/ou diabolique…) dans un quotidien soudainement devenu arme de terreur massive ! Par l’entremise de son personnage principal, Balagueró sonde la nature humaine dans ce qu’elle a de plus noir et met ainsi en exergue la part d’ombre se dissimulant derrière le vernis social. Tour à tour touchant et terrifiant, l’imposant Luis Tosar incarne un personnage équivoque, à cheval entre dégoût de soi et fascination malsaine. Avec MALVEILLANCE, l’ami Jaume cultive un art du sadisme et de l’ambivalence que n’aurait pas renié Dominik Moll. Mais c’est aussi l’occasion pour lui de renouer avec une figure récurrente de sa filmographie : l’habitat comme épicentre de la peur. Le décor quasi-unique du film sert ici une mise en scène racée et appuyée par une excellente gestion de l’espace. Au sein d’un cadre qu’il maîtrise à la perfection, Balagueró déroule la tension crescendo jusqu’à sa terrifiante conclusion. L’exécution prime sur l’effet, au point de créer chez le spectateur une paranoïa qui le hantera bien après le générique de fin. Et si l’on dénote ici et là quelques baisses de régime couplées à certaines invraisemblances, MALVEILLANCE a réussi son coup : nous foutre la trouille avec un concierge. C’est malin…

De Jaume Balagueró. Avec Luis Tosar, Marta Etura, Alberto San Juan. Sortie le 28 décembre

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