LES CRIMES DE SNOWTOWN : chronique + Interview express de Justin Kurzel

28-12-2011 - 12:33 - Par

Le plus dangereux tueur en série australien vu à travers les yeux d’un de ses jeunes complices.

Une famille meurtrie par le viol d’enfants voit un jour débarquer un personnage en apparence protecteur et affable qui devient rapidement un intime. Mais derrière l’agneau se cache un loup dangereux qui va entraîner le cadet dans une véritable spirale criminelle. Cette année, l’Australie nous avait déjà asséné une méchante claque avec ANIMAL KINGDOM. Voici que débarque sa petite sœur, LES CRIMES DE SNOWTOWN, chronique impitoyablement neutre de l’un des faits divers les plus choquants de l’outback, où les images touristiques de kangourous, de surfeurs et d’aborigènes ne font clairement pas partie du décor. Ici, c’est banlieue redneck et meurtres collectifs en série. Bonjour l’ambiance, qui explore sans filet les méandres du mal et de la folie arbitraire, sans rien nous épargner des souffrances physiques et morales. Et même si quelques longueurs se font parfois sentir, Justin Kurzel signe là une œuvre forte dont il est difficile de se relever. Pour un peu, on serait tenté de tendre l’autre joue.

Julien Munoz

De Justin Kurzel. Avec Lucas Pittaway, Daniel Henshall, Louise Harris. Sortie le 28 décembre

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TROIS QUESTIONS AU RÉALISATEUR JUSTIN KURZEL

Les crimes de Snowtown sont-ils encore un sujet sensible en Australie ?

Oui, totalement. Les corps ont été découverts il y a dix ans, révélant l’affaire sur le tard. Certains ont dit que ce film avait été fait trop tôt. En même temps, lorsqu’on tournait non loin de Snowtown, beaucoup de gens voulaient nous en parler. Pour eux, c’était libérateur, car le sujet a été étouffé et les a terriblement embarrassés. Il était important pour eux de partager l’impact de ces crimes sur leur communauté.

Comment avez-vous pris le fait que des gens aient quitté la projection en cours et bruyamment ?

C’est un film très dur. On savait dès le début qu’on s’exposait à ce genre de réactions. En Australie, elles ont été similaires. Il est difficile pour certaines personnes de supporter cette histoire très brutale, l’une des plus violentes de l’histoire australienne. Mais il était important pour moi de ne pas l’édulcorer. Il fallait être frontal.

Êtes-vous d’accord pour dire que le cinéma australien connaît une renaissance ?

Oui, je crois. Avec ANIMAL KINGDOM ou SLEEPING BEAUTY (présenté en sélection officielle et en compétition, ndlr) notamment, il prend une grande ampleur. Des cinéastes émergent, avec des voix fortes et des propos intéressants, qui ne font aucun compromis. Je sais aussi qu’il y a environ dix cinéastes de ma connaissance qui vont bientôt tourner leur premier film, avec un ton similaire. C’est une période excitante pour le pays.

Propos recueillis par Emmanuelle Spadacenta

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