David Fincher signe un thriller superbement conté. Mais ne délivre pas un choc digne de FIGHT CLUB, ZODIAC ou THE SOCIAL NETWORK.
Le jeu des différences est inévitable. Même votre maman vous posera la question : « Alors, c’est aussi bien que le bouquin ? C’est mieux que le film suédois ? » Que les lecteurs de Stieg Larsson dorment sur leurs deux oreilles (piercées) : MILLÉNIUM condense 700 pages en 2h35, pour un scénario diaboliquement efficace qui ne trahit ni ne simplifie l’œuvre, et en garde la limpidité accrocheuse. Un exploit. Et avec David Fincher aux commandes, LES HOMMES QUI N’AIMAIENT PAS LES FEMMES arbore ambiance froidement tendue et esthétique captivante. En ce sens, cette nouvelle adaptation – voire ce remake, car il reprend certains pans du long-métrage suédois, absents du bouquin – offre aux héros de Stieg Larsson les habits de lumière qu’ils méritaient. Et enterre la trilogie suédoise dont les principaux défauts étaient un manque cruel d’atmosphère, des allures de téléfilm, et un script bien trop confus. Pourtant, David Fincher, aussi grand soit-il, tombe malgré lui sur un os. De taille. La comparaison Noomi Rapace / Rooney Mara. Aucune des deux Lisbeth de cinoche ne correspond totalement à celle des romans. Rapace était burnée. Mara est femme-enfant. Si la protégée de Fincher accomplit une performance de taille, on ne peut s’empêcher de lui préférer Rapace. En pitbull enragé dont surgissait avec subtilité des fragilités poignantes, la Suédoise campait une Salander plus complète et complexe, plus émouvante. On pourra croire qu’il ne s’agit que d’un détail, pourtant MILLÉNIUM en souffre parfois, car la fascination de Fincher pour son actrice est transparente. Centre de toutes les attentions, Lisbeth s’inclut alors étrangement dans l’intrigue, et sa relation avec Blomkvist y apparaît moins adulte. La charge féministe qui nourrit le récit aurait sans doute gagné avec la Lisbeth de Rapace, là où Mara semble plus normée et moins virulente. Car non, ce MILLÉNIUM n’est pas aussi hardcore que prévu, sans doute parce qu’il s’agit d’une œuvre de studio ; que la seule vraie subversion est d’y voir des clopes à chaque plan ; et que la sodomie, fusse-t-elle forcée, n’est pas chez nous punie par la loi comme elle l’est dans certains États ricains. Restons toutefois totalement juste : au-delà de la comparaison, David Fincher dirige ici un thriller nerveux, prenant et maîtrisé, qui se hisse largement en haut du panier.
Note de la rédaction : 4 sur 5
De David Fincher. Avec Daniel Craig, Rooney Mara. Sortie le 18 janvier
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