LA DAME DE FER : chronique

19-02-2012 - 10:30 - Par

Le biopic de Margaret Thatcher raconté sans audace, mais porté avec brio par la légende vivante Meryl Streep.  

Chaque personnage qu’elle incarne rentre instantanément dans l’histoire du cinéma : Meryl Streep livre encore une fois une performance spectaculaire, en entrant dans la peau de Margaret Thatcher, premier ministre de Grande-Bretagne de 1979 à 1990. Choucroute laquée, râtelier inesthétique ou encore prothèse intégrale de la face : la star ne se contente pas du déguisement. Elle prête un talent inégalé à l’avatar de la politique la plus contestée du XXe siècle. Elle lui confère sa force, son aplomb, et il fallait bien ses quelques super pouvoirs pour tenir de bout en bout ce projet événement. Car ébloui par sa présence, on en oublierait presque que LA DAME DE FER est un film laborieux. Après la vague des biopics didactiques et chronologiques, Phyllida Lloyd (MAMMA MIA !), la réalisatrice, et Abi Morgan (SHAME), la scénariste, tentent d’éclater la narration avec, pour tout fil rouge, l’existence monotone et actuelle d’une vieille Thatcher, souffrant d’un Alzheimer naissant et entendant la voix de son défunt mari (Jim Broadbent). Et c’est une bonne moitié du film qui est construite autour de ces séquences à la nostalgie redondante. Le reste ? Des flashbacks sélectifs. Comme souvent dans l’exercice biographique, la genèse – de ses convictions conservatrices – est brillamment relatée, mais tout ce qui relève de ses combats politiques est traité en tableaux empilés et émaillés de répliques choc. Y a-t-il davantage le souci du gros coup cinématographique que de la solidité ? Peut-être. D’autant que visuellement, LA DAME DE FER, multipliant les champs/contre-champs scolaires, est assez limité. À trop se fasciner pour son héroïne, Lloyd ne contextualise pas et semble avoir oublié son sens critique dans les limbes de Downing Street. En revanche, le film possède la qualité de ses défauts : sa relative neutralité laisse tout le loisir d’appréhender LA DAME DE FER comme un traité féministe autour des combats d’une enragée dans un milieu d’hommes. Évidemment, si vous cherchez à savoir dans quelle mesure la sévérité dont elle a fait preuve en onze ans de mandat n’est qu’une réaction démesurée aux attaques permanentes, ou voulez comprendre si, parfois, Thatcher a davantage cherché à s’imposer qu’à gouverner, on vous l’a déjà dit : il n’y a aucun réel parti-pris dans LA DAME DE FER, tout est effleuré dans une succession de scènes. Et pourtant, quel sujet…

De Phyllida Llloyd. Avec Meryl Streep, Jim Broadbent. Sortie le 15 février

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