MARTHA MARCY MAY MARLENE : chronique

29-02-2012 - 16:16 - Par

Un thriller psychologique dérangeant, dont on suivra de près le réalisateur, Sean Durkin, et l’actrice, Elizabeth Olsen.

Martha (Elizabeth Olsen), qui vient de fuir une secte, retrouve sa sœur (Sarah Paulson) et son beau-frère (Hugh Dancy) dont elle s’était éloignée pendant des années. Mutique sur l’expérience traumatisante qu’elle a vécue, Martha se mure dans la méfiance et l’agressivité, certaine que la secte la pourchasse. La paranoïa a-t-elle gagné la jeune femme ou ses craintes sont-elles justifiées ? Telle est la question que pose, pendant 100 minutes, le réalisateur Sean Durkin, dont c’est le premier film. Remarqué avec le court-métrage MARY LAST SEEN (couronné du Prix du court-métrage à la Quinzaine des Réalisateurs cannoise en 2010), le Canadien va user de toute son habileté pour flouter la frontière entre fantasme et réalité. En adaptant uniquement le point de vue de Martha, il prive le spectateur de ses sens, de sa raison et l’empêche ainsi de démêler le vrai du faux, la paranoïa de la menace réelle. De ce parti pris découlent une ambiance délétère et inquiétante et un récit en deux temps : le présent de Martha, et son passé au sein de la secte. Dans les flashbacks, Durkin dissèque les événements avec une froide étrangeté, déstabilisante et étouffante, où chaque acte du gourou, même le plus horrible, se voit expliqué rationnellement par ses disciples. L’absence de jugement du cinéaste, dont la mise en scène évite autant le pathos que le sensationnalisme, confronte alors le spectateur à des émotions révoltantes. C’est là que MARTHA MARCY MAY MARLENE prend tout son sens : en poussant à l’identification, Durkin assène, sans l’appuyer, son propos sur l’aliénation, l’identité, la place de l’individu dans le groupe – familial, sectaire, sociétal – ou la résilience. Les nerfs à vif et le cœur serré, on ne peut alors que se laisser porter par ce thriller psychologique dont émergent les performances ahurissantes de John Hawkes (WINTER’S BONE) et Elizabeth Olsen. Le premier, en leader sectaire, prouve une nouvelle fois qu’il mériterait d’accéder enfin à la liste A d’Hollywood. Quant à la seconde, elle porte MARTHA avec une telle intensité, une telle sensualité et une palette de jeu si large qu’elle ne peut qu’être promise à une immense carrière. Près d’un an après sa présentation à Cannes, on n’a toujours pas oublié le malaise dans lequel MARTHA MARCY MAY MARLENE nous avait plongés. Voilà qui en dit long sur la puissance de ce film tout bonnement immanquable.

De Sean Durkin. Avec Elizabeth Olsen, John Hawkes. Sortie le 29 février

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