LE TERRITOIRE DES LOUPS : chronique

29-02-2012 - 16:23 - Par

Un crash aérien. Le grand Nord. Une poignée de survivants. Et Liam Neeson qui court, morfle et danse avec les loups. N’en déplaise aux écolos, vivre en ville… Ça a du bon.

Des longs-métrages dans lesquels les personnages n’ont d’autre objectif que de sauver leur peau face à la bestialité des Hommes ou la cruauté de Mère Nature, il en existe une palanquée. Au point que, de la codification de quelques-uns – DÉLIVRANCE en tête –, est né un sous-genre cinématographique à part entière : le survival movie. Attention, le terme « sous-genre » ne signifie en rien « composé de sous-œuvres » – même si, dans le champ du 7e art, cette fragile parcelle flirte dangereusement avec la culture intensive de navets. Du formidable SEUL AU MONDE au naturaliste INTO THE WILD, en passant par le terrifiant LA COLLINE A DES YEUX, le « film de survie » a livré quelques pépites et emprunté, au cours des années, divers chemins de traverse pour éviter le piège de la redite. Aujourd’hui, c’est au tour de Joe Carnahan – le réalisateur de NARC, MI$E À PRIX et L’AGENCE TOUS RISQUES – d’apporter sa pierre à l’édifice, avec LE TERRITOIRE DES LOUPS. Son programme ? Revenir aux basiques et trouver le point d’équilibre entre héros mal en point, milieu hostile et menace tangible. Son menu ? Un accident d’avion, des rescapés aux profils psychologiques bien croqués, le froid mordant de l’Alaska et des loups vindicatifs. Son idée ? Jouer sur les peurs ancestrales du public et lui donner un cours accéléré sur l’existentialisme. Ou le fait que l’Homme n’est pas déterminé par son essence, mais se veut responsable de ses actes. Il est libre, Max… Soit. Sauf que dans LE TERRITOIRE DES LOUPS, il est avant tout libre de choisir comment il va périr. Dès le début du film, Carnahan envoie un coup de semonce avec la tentative de suicide avortée de Liam Neeson (non, ce n’est pas un spoiler) : le chef des survivants, censé apporter un minimum de réconfort à ses ouailles, ne serait donc qu’un mort en sursis. Un cadavre ambulant, hanté par les souvenirs de sa femme. Dès lors, passé le crash aérien, on comprend vite que Neeson – tout en nuances –  affronte le danger par habitude. Il ne souhaite pas tant s’en sortir que décider lui-même de son sort. C’est beau. Et glaçant au possible… Plus que la chasse à l’Homme proprement dite ou la présence de loups (bien faits) aux allures de mastodontes, l’absence de perspective en terrain dégagé rend littéralement claustrophobe. On suffoque à ciel ouvert tandis que les personnages, contraints par leurs poursuivants et étreints par l’angoisse, se lancent dans une folle fuite en avant. On passe de l’un à l’autre en fonction des scènes et jamais la tension ne se relâche. Tel un horrible cauchemar dans lequel on ferait du surplace et hurlerait en silence, LE TERRITOIRE DES LOUPS ne connaît ni baisse de forme, ni montée en puissance. Il affiche une constance oppressante pendant deux heures. Une durée hors norme pour un survival moderne. Mais, en l’occurrence, plus c’est long…

De Joe Carnahan. Avec Liam Neeson, Frank Grillo. Sortie le 29 février

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