BATTLESHIP : Liam Neeson, l’interview

11-04-2012 - 09:00 - Par

Venu à Paris pour promouvoir le super movie de Peter Berg, l’acteur irlandais nous a accordé de son temps pour un entretien qui revient autant sur BATTLESHIP que sur le reste de sa carrière, de LA LISTE DE SCHINDLER à LA MENACE FANTÔME.

Ces dernières années, vous avez souvent campé les mentors ou les pères spirituels au charisme très régalien. Pensez-vous que cela vient de la façon dont les gens vous voient ? Ou de votre désir d’incarner de tels personnages ?

Je crois que cela vient d’un peu des deux. Je ne sais pas trop comment cela a commencé, mais j’en suis très fier. J’aime être un père, j’aime être un mentor pour mes enfants, et si ça se retrouve ensuite à l’écran, j’en suis très heureux. Cela dit, c’est aussi assez amusant car je ne suis pas un professeur dans l’âme. J’ai essayé de le devenir dans ma jeunesse. Mais je n’étais vraiment pas fait pour ce métier.

Pourquoi vouliez-vous devenir professeur ?

C’était ce qui se rapprochait le plus d’un conservatoire d’arts dramatiques pour moi. Je ne veux pas vous ennuyer avec des détails historiques, mais à l’époque, en Irlande du Nord, les autorités ne reconnaissaient pas les écoles de comédie comme de vraies institutions éducatives. Alors je suis allé en école de professorat pendant deux ans pour compenser.

C’est une manière comme une autre de faire face à un public…

Oui, tout à fait. Deux de mes sœurs enseignent depuis 35 ans et elles sont brillantes. Mais moi, je n’arrivais pas à contenir les élèves.

J’ai aussi lu que votre vocation a été en partie inspirée par un pasteur…

Oui, un pasteur protestant. Du genre très bigot. On pourrait même dire qu’il était extrémiste. Un homme très traditionnaliste, très porté sur les écritures. Il était immensément charismatique. Un acteur brillant. Et un orateur brillant, aussi. Je me souviens l’avoir vu deux ou trois fois et m’être dit : « C’est ça le pouvoir ». Car son auditoire était toujours fasciné.

Dans BATTLESHIP, vous campez un personnage crédible – un Amiral – dans un film de SF. Est-ce que vous abordez vos rôles différemment selon qu’ils sont réalistes ou fantaisistes, historiques ou totalement fictionnels ?

Non, pas vraiment. Je pense toujours à James Cagney et à sa définition de l’acting : il disait que peu importe votre rôle, vous devez toujours entrer dans une pièce, planter vos pieds dans le sol, et déclamer la vérité. C’est devenu une sorte de mantra pour moi, que je joue un personnage historique ou un Jedi. Le travail reste le même pour moi : il faut rendre le personnage réel pour le public. Je me souviens que sur le tournage de LA MENACE FANTÔME, j’avais cette tirade complètement absurde dans laquelle je disais à Anakin Skywalker que son corps était rempli de midi-chloriens. Je me suis tourné vers George Lucas et je lui ai demandé : « Ça signifie quoi cette connerie ? (Rires.) « Non mai franchement, ça veut dire quoi, mec ? » Il m’a répondu : « Nous humains, nous avons des centaines de bactéries dans le corps. Imagine que l’une d’elles soit intelligente. C’est ça, les midi-chloriens. » (Rires.) Pour moi, ce n’était que du charabia, mais il fallait tout de même lui donner du sens…

BATTLESHIP est un film très drôle, à la limite de la parodie du blockbuster d’été…

Oui, tout à fait…

C’est rafraîchissant de vous voir camper ce personnage qui lui, n’a aucun humour. Est-ce que ce contraste a été l’élément déclencheur pour votre participation à BATTLESHIP ?

Ça m’a attiré, effectivement. Peter Berg m’a appelé et m’a demandé si je voulais jouer un amiral, venir à Hawaii, être à Pearl Harbor pour une semaine, être entouré de vétérans cool, et m’habiller avec un super uniforme. Vous savez, je ne suis dans le film que pour 3 ou 4 scènes. Peter m’avait dit qu’il voulait que l’Amiral Shane soit très droit, alors que dans le même temps, les autres personnages assurent tout le fun. Il voulait que je sois le centre moral du film, et j’ai trouvé ça amusant.

Comment avez-vous vécu la scène où vous décorez le personnage campé par Gregory Gadson, un vrai vétéran amputé des deux jambes ?

Vous avez cru que c’était un effet spécial ?

Oui, comme Gary Sinise dans FORREST GUMP. Et c’est dommage. Il est rare qu’un blockbuster montre les conséquences physiques et dramatiques de la guerre…

C’est vrai, oui. Je peux vous dire une chose : peu d’acteurs auraient pu faire ce que Gregory a fait dans la scène que nous partageons. Nous tournions dans ce cimetière/mémorial à Pearl Harbor, le Punchball. C’était le 11 septembre en plus de ça… Je l’ai appelé sur scène et je l’ai regardé droit dans les yeux. Nous, nous jouions la comédie, mais pour lui, c’était différent. C’était réel. Cela m’a profondément ému, j’ai eu du mal à contenir mes larmes, et c’est encore le cas…

Avez-vous assez de recul pour analyser ce que votre rôle dans LA LISTE DE SCHINDLER vous a apporté professionnellement et humainement ?

Quand Steven Spielberg castait le film, on m’a envoyé le script et je n’en avais jamais lu d’aussi parfait. Cela faisait dix ans que Steven Spielberg travaillait sur le projet, et je me suis juste dit : « Je ferais n’importe quoi pour ce rôle ». J’ai eu une demi journée avec Steven, juste lui et moi dans une petite pièce, avec une caméra. J’avais loué un costume des années 40, j’avais appris deux ou trois discours de Oskar Schindler. Steven me guidait, me demandait d’essayer des choses. En partant, je me suis dit que, même si je n’obtenais pas le rôle, j’aurais au moins passé une matinée avec l’un des plus grands cinéastes au monde. C’était comme une masterclass… Finalement, j’ai eu le rôle, et on a tourné en pensant que cela resterait un petit film en noir et blanc, une œuvre très personnelle pour Steven. Mais jamais qu’il deviendrait ce classique qui a si profondément touché le monde entier. Professionnellement, cela m’a évidemment élevé dans les cercles hollywoodiens. Et c’est forcément un film qui a une place très spéciale dans mon cœur.

Vous avez été de la saga STAR WARS… Que pensez-vous de la tendance de George Lucas à constamment trafiquer ses films ?

Expliquez-moi, car j’avoue ne pas comprendre…

Il ressort les STAR WARS avec de nouveaux effets spéciaux, de nouvelles scènes…

Il fait ça avec les vieux STAR WARS ? Je ne savais pas ! Je vous jure que c’est la première fois que j’entends parler de ça. Donc je ne sais pas trop comment George fonctionne à propos de ça, et pourquoi il le fait. Je savais juste qu’il avait converti LA MENACE FANTÔME en 3D… mais je ne l’ai pas vu. Je vais vous raconter une anecdote rigolote sur LA MENACE FANTÔME. Quand nous tournions le film, George nous a dit un jour qu’il était avec Stanley Kubrick la veille au soir. Stanley tournait EYES WIDE SHUT je crois, et il avait dit à George qu’il avait développé 60 prises différentes d’une même scène. Pour les regarder et choisir la meilleure. George était estomaqué. Il révérait Kubrick, mais développer 60 prises différentes, il trouvait ça totalement dingue ! (Rires.)

Vous êtes attaché à de nombreux projets… Lequel allez-vous tourner dans les semaines qui viennent ?

Je pense que mon prochain film sera THE BUTLER de Lee Daniels. Je dois y jouer Lyndon Johnson. Ils ont besoin de moi pour seulement 3 ou 4 jours. Cela parle d’Eugene Allen, le majordome principal de la Maison Blanche pendant presque 40 ans. Il était là, dans le Bureau ovale, assurant le service. Il a été un témoin privilégié de discussions cruciales pour le sort du monde… J’ai trois scènes se déroulant dans le Bureau Ovale, et dans lesquelles Lyndon Johnson fait face à Martin Luther King Jr. Mon contrat n’est pas encore signé, mais j’ai commencé à faire mes recherches, à lire des choses sur Johnson. Je commence à travailler mon accent, ce genre de choses.

Liam Neeson est à l’affiche de BATTLESHIP, de Peter Berg. En salles le 11 avril

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