Cannes 2012 : STUDENT / Critique

17-05-2012 - 22:40 - Par

De Darezhan Omirbayev. Sélection officielle, Un Certain Regard.

Synopsis : Ce film est inspiré du roman de Dostoïevski « Crimes et Châtiments ». L’action se déroule au Kazakhstan de nos jours.
Le protagoniste du film est un étudiant en philosophie. Il loue une chambre au sous-sol d’une maison occupée par une vieille dame, loin du centre-ville et il souffre de manque d’argent et de solitude. Parfois il va acheter du pain chez l’épicier du coin et peu à peu l’idée de cambrioler le magasin lui vient à l’esprit. Il est aussi influencé par un environnement de pauvreté et une idéologie de compétition, avec la division des riches et des pauvres, des forts et des faibles.
L’étudiant est conditionné par des valeurs douteuses et il commet son crime durant lequel l’épicier et une cliente deviennent ses victimes. Aussitôt après ces évènements l’étudiant se sent encore plus seul et cesse toute relation avec son entourage. Le sentiment de culpabilité grandit en lui, spécialement lorsque sa mère et sa sœur aimées viennent de province lui rendre visite. Petit à petit, l’étudiant réalise ce qu’il a fait et va se rendre à la police.

Oh bordel : un film kazakh s’inspirant de « Crime et châtiment » de Fedor Dostoïevski. Autant dire qu’on ne s’est pas posé sur notre petit strapontin de gaité de cœur. Mais après tout, moins les longs-métrages cannois jouent la carte de la séduction, plus ils sont susceptibles de nous surprendre. Ici, on suit un jeune étudiant qui fait le dur apprentissage des abus de pouvoir et observe son pays avec une certaine circonspection. Comprendre par là que STUDENT est à l’image de son jeune héros : peu expressif, fixe et grisâtre. Taiseux aussi. Et c’est sans grand discours que le réalisateur va dépeindre ce qu’est une société qui prône l’élimination des plus faibles pour perpétuer l’évolution de l’économie et, a fortiori, la préservation de l’être humain. Il n’y a pas qu’au Kazakhstan que la question mérite d’être soulevée et n’importe qui possède une conscience politique (au sens large) se passionnera irrémédiablement pour le film, fidèle au pavé de l’auteur russe sur lequel Darezhan Omirbayev se base. Voyez donc qu’il y a des sujets intemporels, Dostoïevski soulevant déjà la légitimité du crime pour le bien commun en 1866. C’est donc ce que va rapidement élaborer notre étudiant sans le sous, pour étayer sa thèse : un double meurtre, rien que ça. Alors, ça soulage ? Évidemment que non. Avec pour but d’exposer les faits, les conséquences, et forcément le châtiment dans une froideur digne d’un rude hiver à Astana, la caméra de notre metteur en scène kazakh ne bouge pas des masses et insuffle une apathie mortifère au film – qui a la bonne idée de ne durer qu’une heure et trente minutes montre en main. Il faudra attendre la toute fin du film pour profiter d’un travelling arrière et d’un brin de musique (oui, la BO de STUDENT ne contient qu’un seul affreux morceau). Youpi, STUDENT, c’est fini. Ce n’est pas tant qu’on s’est embêté, mais l’exercice minimaliste peut rapidement tourner en rond. D’autant que d’autres réalisateurs le font avec un tantinet plus de cinéma dedans.

De Darezhan Omirbayev. Avec Yedyge Bolysbayev, Maiya Serkibayeva, Bakhytzhan Turdaliyeva. Kazakhstan. 1h30

Pub
 
 

Les commentaires sont fermés.