Cannes 2012 : STUDENT / Critique
17-05-2012 - 22:40 -
De Darezhan Omirbayev. Sélection officielle, Un Certain Regard.
Synopsis : Ce film est inspiré du roman de Dostoïevski « Crimes et Châtiments ». L’action se déroule au Kazakhstan de nos jours. Oh bordel : un film kazakh s’inspirant de « Crime et châtiment » de Fedor Dostoïevski. Autant dire qu’on ne s’est pas posé sur notre petit strapontin de gaité de cœur. Mais après tout, moins les longs-métrages cannois jouent la carte de la séduction, plus ils sont susceptibles de nous surprendre. Ici, on suit un jeune étudiant qui fait le dur apprentissage des abus de pouvoir et observe son pays avec une certaine circonspection. Comprendre par là que STUDENT est à l’image de son jeune héros : peu expressif, fixe et grisâtre. Taiseux aussi. Et c’est sans grand discours que le réalisateur va dépeindre ce qu’est une société qui prône l’élimination des plus faibles pour perpétuer l’évolution de l’économie et, a fortiori, la préservation de l’être humain. Il n’y a pas qu’au Kazakhstan que la question mérite d’être soulevée et n’importe qui possède une conscience politique (au sens large) se passionnera irrémédiablement pour le film, fidèle au pavé de l’auteur russe sur lequel Darezhan Omirbayev se base. Voyez donc qu’il y a des sujets intemporels, Dostoïevski soulevant déjà la légitimité du crime pour le bien commun en 1866. C’est donc ce que va rapidement élaborer notre étudiant sans le sous, pour étayer sa thèse : un double meurtre, rien que ça. Alors, ça soulage ? Évidemment que non. Avec pour but d’exposer les faits, les conséquences, et forcément le châtiment dans une froideur digne d’un rude hiver à Astana, la caméra de notre metteur en scène kazakh ne bouge pas des masses et insuffle une apathie mortifère au film – qui a la bonne idée de ne durer qu’une heure et trente minutes montre en main. Il faudra attendre la toute fin du film pour profiter d’un travelling arrière et d’un brin de musique (oui, la BO de STUDENT ne contient qu’un seul affreux morceau). Youpi, STUDENT, c’est fini. Ce n’est pas tant qu’on s’est embêté, mais l’exercice minimaliste peut rapidement tourner en rond. D’autant que d’autres réalisateurs le font avec un tantinet plus de cinéma dedans. De Darezhan Omirbayev. Avec Yedyge Bolysbayev, Maiya Serkibayeva, Bakhytzhan Turdaliyeva. Kazakhstan. 1h30 |
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