SANS ISSUE : chronique

02-05-2012 - 10:50 - Par

Le premier film américain de Mabrouk El Mechri, réalisateur de VIRGIL et JCVD, est une déception, malheureusement.

Nos attentes étaient probablement démesurées. Voir Mabrouk el Mechri, les bijoux VIRGIL et JCVD sous le bras, partir aux États-Unis, embaucher Bruce Willis et Sigourney Weaver, recruter Henry Cavill avant même qu’il n’ait l’étiquette SUPERMAN collée au front, et réaliser un bon vieux thriller : il y avait tout pour s’engager sur l’efficacité du résultat. D’autant que le postulat n’était pas mal non plus : son avenir professionnel compromis par la crise, Will (Henry Cavill) passe de mauvaises vacances sur le voilier de ses parents, mouillant dans le Sud de l’Espagne. Papa (Bruce Willis), soi-disant attaché culturel, est difficile au quotidien. Après une dispute, Will se rend sur la côte et, quand il revient à bord du bateau, constate la disparition de sa famille. C’est alors qu’il apprend que le paternel est agent d’une division de la CIA. Il va donc devoir réparer des erreurs qui ne sont pas les siennes pour sauver la vie de ceux qu’il aime. Jusque-là impeccable. Le premier acte de SANS ISSUE est irréprochable, notamment grâce à son ambiance tendue, ses magnifiques images et une certaine nébuleuse autour de ses personnages. Le tout intrigue, laisse fantasmer. Mais tout ce potentiel se délitera vite, après qu’on aura compris que l’ambiance générale (un pour tous, tous pourris) se cantonnera au classique et que la fameuse mallette tant disputée par diverses parties sera le gros McGuffin du film. Vous restez hautement tolérant à cette mécanique ? Il est vrai qu’Henry Cavill s’avère assez fascinant en homme seul, refusant son statut de victime pour devenir plus agressif, sans pour autant jouer l’action star de manière démesurée. Une certaine cohérence imputable, à n’en pas douter, au don tout particulier d’El Mechri à aimer et construire solidement ses personnages. En revanche, que s’est-il passé concrètement ? Disparus le style visuel racé du réalisateur, son sens du dialogue au cordeau, ses choix narratifs éclairés. Fondus dans un film calibré par Hollywood. À quelques scènes près (deux trois plans sont à tomber), SANS ISSUE est d’une sagesse somnolente. Et s’il se conclut dans une course- poursuite dans les étroites rues de Madrid, il manque encore et toujours de nerfs et de tension. Et nul doute que la prestation minimaliste de Bruce Willis et le rôle grotesque de Sigourney Weaver n’y sont pas pour rien.

De Mabrouk el Mechri. Avec Henry Cavill, Sigourney Weaver, Bruce Willis. États-Unis. 1h35. Sortie le 2 mai

Note de la rédaction : 2/5

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