Cannes 2012 : APRÈS LA BATAILLE / Critique

17-05-2012 - 12:40 - Par

De Yousry Nasrallah. Sélection officielle, en compétition.


Synopsis : Mahmoud est l’un des «cavaliers de la place Tahrir» qui, le 2 février 2011, manipulés par les services du régime de Moubarak, chargent les jeunes révolutionnaires.
Tabassé, humilié, sans travail, ostracisé dans son quartier qui jouxte les Pyramides, Mahmoud et sa famille perdent pied…

C’est à ce moment qu’il fait la connaissance de Reem, une jeune égyptienne divorcée, moderne, laïque, qui travaille dans la publicité. Reem est militante révolutionnaire et vit dans les beaux quartiers. Leur rencontre transformera le cours de leurs vies…
Louons la réactivité d’APRÈS LA BATAILLE, alors que son sujet, des plus contemporains, nous emmène en pleine révolution égyptienne (débutée en janvier 2011), pour dérouler le quotidien difficile de Mahmoud, cavalier anciennement enrôlé par le mouvement de Moubarak, passé à tabac pendant des émeutes et réfugié, humilié et perdu, dans son village. Un village reclus derrière un mur empêchant ainsi les touristes d’y profiter du commerce. Et le héros de Nasrallah est fort : c’est un personnage accablé par la colère qu’il nourrit, bouleversant même, dont l’éveil à la conscience politique passe par l’intrusion d’une jeune citadine, Reem, militante énervée. Cette dernière viendra donner des leçons de rébellion intellectuelle à la petite famille de Mahmoud qui vit dans une précarité provoquée en grande partie par le marasme politique ambiant. Un apprentissage un poil paternaliste, dont nous sommes aussi censés capter le message, lourdement asséné. Si la vocation du film est inattaquable, il y a bien des choses à redire sur la forme, car plus que la leçon, ce qui importe souvent, c’est la manière dont le cours est donné. N’en jetez plus, car APRÈS LA BATAILLE est didactique, ses dialogues sont scolaires, et seule émerge une poignée de scènes de révolte très puissantes, où l’urgence du film prend tout son sens. Ce n’est pas que nous sommes réfractaires à un cinéma éducatif, au contraire, mais le film de Nasrallah pâtit d’un gros souci : son hermétisme. Dire qu’on ne peut cerner – à moins d’être spécialiste – tous les tenants et les aboutissants du contexte précis et du récit est un doux euphémisme, tant on peut se perdre dans les considérations de politique locale. Pour l’anecdote, le dossier de presse d’APRÈS LA BATAILLE est même agrémenté d’un schéma et d’une frise temporelle des événements égyptiens pour clarifier la chose. Laborieux, trop long, pas toujours bien interprété, il est une photographie nécessaire de son temps plus qu’un long-métrage imposant. Quoique restent en mémoire quelques plans mettant en scène la beauté brute de Bassem Samra (acteur principal), flamboyant sur son grand cheval, symbolique d’une Égypte noble et digne en reconstruction.

De Yousry Nasrallah. Avec Menna Chalaby, Bassem Samra, Nahed El Sebaï. Egypte. 2h06. Prochainement

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