Cannes 2012 : LIKE SOMEONE IN LOVE / Critique

21-05-2012 - 17:20 - Par

D’Abbas Kiarostami. Sélection officielle, en compétition.


Synopsis : Un vieil homme et une jeune femme se rencontrent à Tokyo. Elle ne sait rien de lui, lui croit la connaître. Il lui ouvre sa maison, elle lui propose son corps. Mais rien de ce qui se tisse entre eux en l’espace de vingt-quatre heures ne tient aux circonstances de leur rencontre.

Avec son dernier long-métrage, Abbas Kiarostami distord de nouveau le temps. Cette fois, pour le meilleur. En partie. Il ouvre ainsi son LIKE SOMEONE IN LOVE sur trois séquences couvrant plus de la première heure du récit : une scène dans un bar, une autre dans un taxi, une dernière dans un appartement. Dans ce bloc en trois segments, à l’esthétique tout bonnement superbe, il joue avec la patience du spectateur qui, loin de fuir l’expérience, se voit sollicité, interrogé, incapable de savoir réellement où Kiarostami souhaite en venir. L’exercice se révèle plutôt envoûtant : au bar, la mise en scène du cinéaste se révèle maligne, jouant habilement du découpage, en dépit d’une caméra désespérément fixe ; dans le taxi, il filme avec envie la faune tokyoïte, ses néons, ses foules denses et le sublime visage de son actrice Rin Takanashi ; dans l’appartement du client ayant convoqué la call girl/étudiante, il se joue des espaces et des perspectives des lieux, qui se dévoilent toujours plus vastes et faits de recoins inconnus. Là, la jeune fille et le vieil homme discutent de tout et de rien, apprennent à se connaître : la chose est banale, mais belle, car fraîche et naturelle comme un coup de foudre. On aurait presque aimé que cette troisième séquence dure pour le reste du film. Malheureusement, passée la première heure, LIKE SOMEONE IN LOVE bascule : le jour s’est levé, et le vieil homme accompagne la jeune fille pour une journée lambda. Là, les rencontres – avec le petit ami de la belle, avec la voisine de l’ancien – se multiplient, tout comme les discussions ou les situations cocasses. Mais aucun instant ne parvient à la limpidité du début, même si Kiarostami tente de faire du duo un couple improbable dans lequel le client se comporte… comme un amoureux. Le titre se justifie enfin, certes, mais l’on assiste donc, frustré, au film que l’on espérait ne pas voir : répétitif, longuet, sans réel enjeu, non-sensique. L’ennui nous gagne et le désintérêt avec lui. Lorsque le générique de fin nous délivre, abrupt, les regrets sont inévitables et l’envie de se replonger dans la première heure du métrage, pressante. LIKE SOMEONE IN LOVE, ou l’impression désagréable d’être passé à ça d’un grand film.

D’Abbas Kiarostami. Avec Rin Takanashi, Tadashi Okuno, Ryo Kase. France/ Japon. 1h49. Prochainement

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