Cannes 2012 : IN ANOTHER COUNTRY / Critique

20-05-2012 - 18:30 - Par

D’Hong Sang-soo. Sélection officielle, en compétition.

Synopsis : Dans un pays qui n’est pas le sien, une femme qui n’est à la fois ni tout à fait la même ni tout à fait une autre, a rencontré, rencontre et rencontrera au même endroit les mêmes personnes qui lui feront vivre à chaque fois une expérience inédite…

Si l’on aime les Coréens avinés, Hong Sang-soo fait figure de héros. Bon, on caricature un peu, mais le cinéaste habitué de la Croisette (c’est son huitième passage à Cannes) s’est fait un nom avec des petites chroniques poétiques et alcoolisées. Sauf que depuis LE JOUR OÙ LE COCHON EST TOMBÉ DANS LE PUITS et LA VIERGE MISE A NU PAR SES PRÉTENDANTS, on avoue avoir un peu de mal à se passionner pour son cinéma. C’est que le bonhomme tourne beaucoup. Beaucoup trop. La preuve avec IN ANOTHER COUNTRY, ofni mineur et d’une absurdité totale, dont l’intérêt se révèle discutable. Il nous déroule trois sketchs sur 90 minutes : chacun suit une Française (Isabelle Huppert), à chaque fois différente, qui croise les mêmes personnes vivant dans une station balnéaire coréenne. Dire que la chose est redondante s’avère un doux euphémisme : car lorsqu’on voit certaines scènes déroulées trois fois en moins de deux heures, la patience du spectateur franchit ses limites. Si encore Hong Sang-soo avait trouvé des astuces filmiques et/ou narratives pour éviter les redites. Mais non. Le réalisateur fait preuve d’une certaine paresse – au contraire par exemple de l’excellent SAYA ZAMURAI, actuellement en salles, qui évitait justement cet écueil via des trouvailles merveilleuses. Formellement, IN ANOTHER COUNTRY pâtit de choix de mise en scène repoussants – zooms et dézooms disgracieux en veux-tu en voilà. Surtout, si certains traits d’humour font mouche (le personnage du maître-nageur est à ce titre amusant), ils sont eux aussi déclinés à l’infini, usant le mécanisme comique jusqu’à la dernière fibre de la corde. Isabelle Huppert tente bien de surnager en surjouant chaque ligne de dialogue comme si elle donnait la réplique à Will Ferrell, mais même ses efforts tombent à l’eau. Au début du film, une jeune coréenne morte d’ennui annonce en voix off qu’elle entreprend l’écriture d’un scénario de court-métrage constitué justement par les trois sketchs d’IN ANOTHER COUNTRY. Question : pourquoi diable la chose finit-elle en long-métrage ?

D’Hong Sang-soo. Avec Isabelle Huppert, Yu Yunsang, Jung Yumi. Corée du Sud. 1h28.

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